Le bilan fait état d’au moins 50 personnes tuées dans la province de l’Ituri depuis lundi.
L’Ituri est touché à la marge par l’épidémie d’Ebola en RDC qui a fait plus de 1.400 morts, principalement dans la province du Nord-Kivu voisine. Une femme est morte vendredi 7 juin de la maladie à virus Ebola dans la ville de Bunia (Ituri), a rapporté la radio onusienne Okapi.
Les violences, qui ont commencé vendredi et se sont amplifiées à partir de lundi, touchent le territoire de Djugu, au nord du chef-lieu Bunia.
Le conflit entre les communautés hema et lendu qui avait fait des dizaines de milliers de morts entre 1999 et 2003 dans cette province riche en or, frontalière de l’Ouganda et du Soudan du Sud.
Le conflit avait pris fin avec l’intervention d’une force européenne nommée Artémis sous commandement français.
« Le conflit ressemblait à une version miniature du génocide de 1994 (au Rwanda).
Les Hema, avec leurs vaches, se sentaient proches des Tutsis: une minorité ethnique qui formait la couche supérieure de la société. Les Lendu étaient des cultivateurs qui se comparaient eux-mêmes aux Hutus: nombreux, mais en bas de l’échelle », écrit l’auteur David Van Reybrouck dans son livre « Congo une histoire ».
Les deux communautés sont « victimes » des récentes violences, « toutes les deux », a insisté mercredi lors d’un point-presse le chef-adjoint de la force de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), le général Bernard Commins.
« Je peux vous dire que nous avons même été l’objet de tirs contre nos hélicoptères et contre une patrouille pas plus tard qu’hier (mardi) », a-t-il ajouté.
Contre les exactions, la communauté hema a décrété trois jours de deuil qui ont paralysé l’activité dans le chef-lieu Bunia, a rapporté la radio onusienne Okapi.
« Plusieurs centaines de jeunes hema sont descendus dans la rue pour manifester leur colère », ajoute Okapi.
« La tension est à son comble entre Hema et Lendu », avance pour sa part le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) qui demande à la présidence de la République et au gouverneur d' »agir urgemment pour faire dialoguer les deux communautés ».
« Entre le 8 et le 11 juin, plus de 72 personnes ont été tuées dans une dizaine de localités différentes des territoires de Djugu et Irumu », a avancé une source humanitaire et diplomatique.
Ces violences ont entraîné des déplacements de population, a indiqué le gouverneur.
« La priorité pour les Nations unies c’est la protection des populations civiles. Il y a beaucoup de déplacements », confirme une porte-parole de la Monusco.
Par ailleurs, l’armée congolaise a annoncé jeudi avoir tué neuf miliciens après deux d’offensives engagées contre un groupe armé congolais actif dans la province du Sud-Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo.
Les militaires du secteur opérationnel Sukola 2 sud ont réussi à détruire le campement de rebelles dits « Maï Maï » Yakutumba près de Fizi.
« Dans leur fuite, ils ont abandonné neuf corps », a déclaré le capitaine Dieudonné Kasareka, porte-parole de l’armée dans le Sud-Kivu (est).
« Ces miliciens ont emporté six blessés et brûlé des cases lors de leur fuite, abandonné deux armes AK 47 », a-t-il ajouté.
Les offensives contre ce groupe armé étaient lancées depuis mardi a expliqué l’officier.
Le territoire de Fizi est le fief d’un ex-officier de l’armée congolaise, William Amuri Yakutumba, qui avait déserté l’armée régulière pour défier l’ancien président Joseph Kabila.
Densément peuplé et riche en ressources, l’est de la RDC subit guerres, violences des groupes armés, enlèvements, exactions, viols, actes de banditisme, depuis la fin du génocide des Tutsis au Rwanda voisin en 1994 et le renversement du maréchal Mobutu en 1997.(afp).