Plusieurs manifestations ont eu lieu lundi contre l’insécurité et les assassinats, dans le centre du Mali, confronté aux violences intercommunautaires et aux attaques jihadistes.
Les manifestants de Bandiagara, localité qui accueille des déplacés chassés de leurs villages par les violences dans le pays dogon, entre Mopti (centre) et la frontière avec le Burkina Faso, réclament notamment de pouvoir « rentrer cultiver » leurs champs, selon une banderole déployée en tête de cortège.
« Nous avons enregistré depuis la dernière visite du Premier ministre (Boubou Cissé, en août) une cinquantaine de cas d’assassinats », a déclaré à la presse le chef du Collectif des associations des jeunes du pays dogon (CAJPD), Adama Diongo, l’un des organisateurs de la marche.
Des manifestants portaient également des pancartes où l’on pouvait lire « Vive DANA », du nom du groupe armé dogon Dan Nan Ambassagou, officiellement dissous après le massacre d’Ogossagou le 23 mars (quelque 160 Peuls tués par des chasseurs dogons présumés), sans pour autant avoir cessé ses activités.
A Tombouctou, des manifestants ont empêché pour le troisième jour consécutif l’accès à l’aéroport. Le bateau qui effectue la liaison avec Mopti (centre), principale voie d’accès vers Bamako en raison de l’insécurité sur les routes, a été bloqué. Banques et services administratifs sont restés fermés.
Le ministre du Dialogue social, Hamadou Dicko, a jugé «abusif» ce mouvement qui «participe à l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat». «Les revendications doivent se faire dans un cadre organisé», a-t-il déclaré lors d’un point de presse.
Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé des « groupes d’autodéfense », dont Dan Nan Ambassagou est le plus organisé.
Des accords de cessation des hostilités ont été signés début août par des groupes armés peuls et dogons, lors de la visite du Premier ministre. Mais les violences se sont poursuivies ces dernières semaines, attribuées tant aux groupes jihadistes qu’aux milices d’auto-défense.