Le président français Emmanuel Macron a accusé mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan de « non-respect de la parole donnée » pour l’envoi « en ce moment même » de navires turcs transportant des mercenaires syriens en Libye.
« Nous voyons ces derniers jours des navires turcs accompagner des mercenaires syriens arrivant sur le sol libyen », « c’est en contravention explicite avec ce que le président Erdogan s’était engagé à faire lors de la conférence de Berlin, c’est le non-respect de la parole donnée », a affirmé le président français.
« C’est attentatoire à la sécurité de tous les Européens et des Sahéliens », a-t-il insisté lors d’une déclaration aux côtés du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis qu’il a reçu à déjeuner.
Le chef de l’Etat a aussi répété qu’avec ses partenaires européens il soutenait la Grèce et Chypre « en condamnant les intrusions et provocations de la Turquie ».
Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’un partenariat stratégique de sécurité entre la France et la Grèce, qui sera précisé dans les prochaines semaines, avec une présence navale accrue des forces françaises afin « d’assurer pleinement la sécurité d’une région stratégique pour l’Europe ».
Le 19 janvier, le chef de l’Etat avait demandé lors du sommet sur la Libye à Berlin que « cesse » l’envoi à Tripoli de combattants syriens pro-turcs en soutien au gouvernement local soutenu par l’ONU.
De son coté, la Turquie a accusé mercredi la France d’être responsable de l’instabilité en Libye, après que le président français Emmanuel Macron a reproché à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan un « non-respect de la parole donnée » pour continuer à intervenir dans les affaires libyennes.
« Le principal responsable des problèmes en Libye depuis le début de la crise en 2011 c’est la France », a déclaré le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères Hami Aksoy.
« Ce n’est un secret pour personne que ce pays accorde un soutien inconditionnel à (l’homme fort de l’est libyen, le maréchal Khalifa Haftar) en échange d’un droit de regard sur les ressources naturelles de la Libye », a-t-il ajouté.
Ankara est accusé d’avoir dépêché quelques centaines de combattants syriens sur place, en soutien à Fayez al-Sarraj, chef du Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU et en grande difficulté face à l’offensive de son rival, le maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle les trois-quarts du territoire libyen.
Et pour corroborer le tout, le président français Emmanuel Macron a félicité mercredi, pour avoir « dénoncé le déni », l’historien turc Taner Akçam, auteur d’un ouvrage démontrant l’authenticité des « télégrammes » ottomans ordonnant le génocide arménien, et qu’Ankara considère comme des faux.
Selon le président français, le livre de Taner Akçam constitue « l’établissement scientifique d’une intentionnalité claire dans le crime organisé, permettant de faire le travail d’histoire, de mémoire et de justice ».
« Vous avez sorti ce que certaines voulaient replonger dans l’oubli, le négationnisme », a poursuivi M. Macron. « C’est une pierre essentielle dans ce débat profondément politique avec les dirigeants turcs », a-t-il ajouté.
Selon les estimations, entre 1,2 million et 1,5 million d’Arméniens ont été tués pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l’Empire ottoman, alors allié à Allemagne et à l’Autriche-Hongrie.
La Turquie reconnaît des massacres mais récuse le terme de génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d’une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.