D’après certains témoignages, les touaregs et les arabes maliens subiraient des représailles à mesure que la reconquête du Nord avance. Et, l’armée loyaliste serait impliquée dans ces exactions.
« Il y a eu des exactions, des violations de domicile. Combien ? Je n’ai pas les chiffres précis », a affirmé Mohamed Oumrani, le président de l’Alliance de la communauté arabe du Mali. Ce sont des dérives auxquelles les parties prenantes dans ce conflit auraient dû s’attendre: « les peaux-rouges », sobriquet des touaregs au Mali, seraient en danger de mort depuis que certaines villes du nord ont commencé à être libérées. Les témoignages les plus alarmants proviennent de Sévaré (centre). Hier sous la menace islamiste, cette localité sert à présent de base-arrière pour l’armée malienne, étant donné que des troupes françaises contrôlent son aéroport. C’est aussi dans la même ville où des scènes macabres ont été reportées aux médias. Ainsi, un témoin a révélé une tombe de fortune située au quartier Million-Kin: on peut y voir un cadavre mal enfouie dans le sol. Dans d’autres endroits de la ville à l’instar du quartier Waillhirdé, des corps auraient été décapités et balancés dans des puits tandis que d’autres dépouilles, incinérées à l’essence et aux pneus. A ce propos, des badauds ont confirmé qu’il s’agissait d’insurgés islamistes. Tous ces récits font état de 25 à 30 corps enfouis à Sévaré et dans les parages.
Pire, il semble que certains des rebelles exécutés provenaient de Konna. L’accès à cette dernière ville est toujours refusé à la presse et aux ONG. De même, les portes de Sévaré sont désormais fermées aux journalistes et à la société civile depuis hier. Un mystère qui ne fait que grossir les rumeurs. En effet, cela fait déjà plusieurs jours que des voix s’élèvent pour dénoncer les éventuelles exactions commises par l’armée malienne. A ce mouvement, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), Human Right Watch et Amnesty International se sont joints.