Soudan : Fermeture du dernier hôpital  à El-Facher selon MSF

L’unique établissement hospitalier en activité dans la ville d’El-Facher, située dans le Darfour au sud-ouest du Soudan, a fermé ses portes samedi après avoir été attaqué par des paramilitaires cherchant à prendre le contrôle de la ville, a déclaré l’organisation Médecins sans Frontières (MSF). « Samedi, MSF et le ministère de la Santé ont suspendu toutes les activités de l’hôpital Sud d’El-Facher dans le Darfour-Nord après qu’il a été pris d’assaut par des paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR), qui ont ouvert le feu et pillé l’établissement, y compris une ambulance », a dénoncé l’ONG médicale sur son compte X dimanche soir.

Depuis avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre opposant l’armée sous la direction du général Abdel Fattah al-Burhane aux paramilitaires dirigés par le général Mohamed Hamdane Daglo. El-Facher était la seule capitale des cinq États du Darfour à ne pas être sous le contrôle des FSR, mais elle était relativement épargnée par les combats. La ville, qui accueillait de nombreux réfugiés, servait de centre humanitaire pour cette région menacée par la famine.

En raison de l’intensification des combats, l’hôpital Sud avait commencé à être évacué la semaine précédente, de sorte que lors de l’attaque, « seuls dix patients et une équipe médicale réduite étaient présents », précise l’ONG. « La plupart ont réussi à fuir », affirme MSF, ajoutant que, en raison du « chaos », ses équipes n’ont pas pu vérifier s’il y a eu des victimes.

« C’est scandaleux que les FSR aient ouvert le feu à l’intérieur de l’hôpital », a dénoncé Michel-Olivier Lacharité, responsable du programme Urgence de MSF.

Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre, notamment de viser les civils, de bombarder sans distinction des zones résidentielles, de piller ou de bloquer l’aide humanitaire. Les paramilitaires sont spécifiquement accusés de nettoyage ethnique et de crimes contre l’humanité.

Le gouverneur de la région du Darfour, Minni Arko Minnawi, a déclaré samedi lors d’une conférence de presse à Port-Soudan, dans l’est du Soudan, que les forces de soutien rapide avaient attaqué El Fasher de plusieurs directions et s’étaient infiltrées dans l’hôpital, où de nombreux blessés étaient traités en raison des tirs délibérés. Il a ajouté que les forces de soutien rapide avaient pris d’assaut l’hôpital Sud de la ville, blessant le directeur de l’hôpital et le directeur médical lors de l’attaque.

Depuis la mi-avril 2023, l’armée soudanaise et les forces de soutien rapide sont engagées dans une guerre qui a fait jusqu’à présent près de 15 000 morts et 9 millions de déplacés, selon les Nations Unies.