Les autorités soudanaises ont accordé une prolongation de trois mois pour l’acheminement de l’aide humanitaire de l’ONU à travers le point de passage frontalier d’Adre, situé entre le Tchad et le Darfour. Cette décision, annoncée mercredi par le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, a été saluée par l’ONU.
« Nous accueillons favorablement la décision des autorités soudanaises de maintenir l’ouverture du point de passage d’Adre pour trois mois supplémentaires, ce qui permettra aux Nations unies de poursuivre l’acheminement de l’aide humanitaire à ceux qui en ont besoin au Soudan », a déclaré Stéphane Dujarric. Il a précisé que cette question avait été abordée lors d’une rencontre entre le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée soudanaise, en marge de la COP29 sur le climat à Bakou.
Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans un conflit sanglant entre l’armée du général Burhane, qui a pris le pouvoir par un coup d’État en 2021, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo. La guerre a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 11 millions de personnes, dont 3,1 millions ont fui à l’étranger, selon l’Organisation internationale pour les migrations.
Le pays traverse également une crise humanitaire grave, avec environ 26 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire extrême, et la famine ayant été déclarée dans le camp de Zamzam, au Darfour. Face à cette situation, les autorités soudanaises avaient ouvert le point de passage d’Adre en août 2023 pour une période de trois mois, qui arrivait bientôt à son terme.
Malgré le contrôle des FSR sur une grande partie du Darfour, l’ONU ne peut mener ses opérations sans l’autorisation des autorités soudanaises. Ces dernières semaines, l’ONU a intensifié ses appels pour le renouvellement de cette autorisation.
« Le point de passage d’Adre est crucial pour de nombreux Soudanais qui ont un besoin urgent de nourriture, d’eau et de médicaments, surtout avec la menace de la famine », a réagi le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur X (anciennement Twitter). Il a salué la prolongation de trois mois, tout en soulignant que ce point de passage ne suffisait pas à lui seul. « Il est plus important que jamais que toutes les routes nécessaires, qu’elles soient transfrontalières ou traversant les lignes de front au Soudan, restent accessibles pour le transport de l’aide humanitaire », a ajouté Stéphane Dujarric.
Cependant, l’ambassadeur soudanais à l’ONU, Al-Harith Idriss al-Harith Mohamed, a accusé mardi les FSR devant le Conseil de sécurité d’utiliser le point de passage d’Adre pour faire passer des armes et des munitions, exacerbant ainsi la complexité de la situation.