Soudan : Attaque de drone contre la principale base navale à Port-Soudan

Mercredi, un drone a visé la base navale Flamingo à Port-Soudan, au quatrième jour de frappes contre cette ville stratégique de la mer Rouge. Ces attaques marquent une escalade majeure dans le conflit soudanais, qui oppose depuis avril 2023 l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo.

Longtemps épargnée, Port-Soudan, qui abrite le gouvernement provisoire, des agences de l’ONU et de nombreux déplacés, est désormais en première ligne. L’armée accuse les FSR, appuyées selon elle par les Émirats arabes unis, d’utiliser des armes « stratégiques et sophistiquées ». Mardi, des frappes avaient déjà endommagé l’aéroport civil, une base militaire, une centrale électrique et des dépôts de carburant. À Kassala, à 600 km plus au sud, trois drones ont aussi tenté d’atteindre des installations aéroportuaires mercredi, selon une source sécuritaire.

Ces attaques font craindre un effondrement de l’aide humanitaire. Près de 25 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire, et certaines régions sont déjà touchées par la famine. L’ONU et les États-Unis ont condamné fermement cette escalade, évoquant des « souffrances humaines » accrues et une menace pour les efforts de paix.

La tension est montée d’un cran après la rupture des relations diplomatiques entre Khartoum et les Émirats, accusés d’armer les FSR. Malgré leurs démentis, des rapports d’experts confirment leur implication présumée. Le gouvernement soudanais affirme détenir des preuves sur l’origine des drones utilisés.

Privées d’aviation, les FSR s’appuient de plus en plus sur les drones, opérant depuis le Darfour à l’ouest. Leur objectif serait de couper les lignes d’approvisionnement de l’armée.

Le conflit, qui a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé 13 millions de personnes, a provoqué la pire crise humanitaire mondiale actuelle selon l’ONU. Le Soudan est désormais morcelé entre les zones tenues par l’armée et celles contrôlées par les FSR.