De sources bien informées à Alger, plusieurs réunions confidentielles ont eu lieu ces dernières semaines entre le président Abdelmadjid Tebboune, son cercle rapproché de conseillers, et le chef d’état-major de l’armée, le général Saïd Chengriha. L’objectif : Trouver une issue à une présence devenue embarrassante, voire ingérable du Front Polisario.
Une « Cité-État » à Tindouf qui échappe à Alger
D’après des informations concordantes, le général Saïd Chengriha a exprimé, lors d’une réunion tenue à huis clos à El Mouradia, son inquiétude quant à la persistance de cette enclave hors du contrôle de l’État. « Nous ne pouvons plus nous permettre de tolérer une structure parallèle, surtout dans un contexte régional instable, qui pourrait déclarer son autonomie sur notre sol, un Etat dans l’Etat », a dit à Tebboune.
Les tensions au sommet de l’État
Si le président Tebboune demeure officiellement fidèle à la doctrine de soutien à la question sahraouie, ses conseillers les plus pragmatiques ont mis en garde contre les coûts croissants politiques, économiques et diplomatiques de cette alliance.
« Il y a une prise de conscience progressive que cette situation n’est plus tenable à long terme », confie un diplomate algérien à la retraite.
«Dans l’entourage présidentiel, les services sécuritaires et de renseignement, plaident pour une normalisation, d’autres pour une pression accrue sur les dirigeants du FP, afin de limiter leur autonomie, qui représente un risque territorial pour l’Algérie ».
Les options discutées
Au cours de ces réunions stratégiques, plusieurs scénarios ont été examinés, selon une source proche du ministère de la Défense :
1. Encadrement militaire renforcé autour des camps : L’armée algérienne pourrait établir des zones tampon autour des camps, sous prétexte de sécurité, pour restreindre les mouvements du Polisario.
2. Conditionnement du soutien logistique à un engagement du Polisario dans le processus onusien : Alger envisagerait d’exiger des concessions diplomatiques en échange du maintien de l’aide.
3. Préparation d’une médiation régionale avec l’appui de pays neutres : Certains proches du président Tebboune évoquent l’idée d’impliquer des pays neutres dans une solution négociée.
4. Une ligne rouge : Ne pas perdre la face
Pour Chengriha comme pour Tebboune, toute évolution devra se faire sans que l’Algérie semble céder aux pressions internationales et régionales.
Alger réagit prudemment contre le Polisario qui a tissé des relations avec des groupes terroristes au Moyen-Orient et en Afrique, d’après les mêmes sources.