L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt 2024 pour son roman « Houris », revient en librairie ce jeudi avec « Il faut parfois trahir », un essai politique publié dans la collection « Tracts » chez Gallimard. Fidèle à son style incisif, il y poursuit sa critique du pouvoir algérien et de l’islamisme, tout en abordant de front la question de la trahison et de la dissidence.
Dans ce texte engagé, Daoud revient sur l’étiquette de « traître » souvent accolée à son nom en Algérie, notamment par la presse conservatrice islamiste qui, malgré son enracinement à Oran pendant 50 ans, le décrivait comme un écrivain « francophone vivant à Paris ». Aujourd’hui établi en France, naturalisé en 2020, il revendique son choix d’exil comme un acte de fidélité paradoxale à son pays et à ses principes.
« Pourquoi ai-je choisi de devenir traître ? Pour la vertu de la fidélité paradoxale. En moi persiste, indomptable, ce souci de la dissidence », écrit-il.
Dans son essai, il défend une vision nuancée de l’identité algérienne, capable d’embrasser à la fois la langue française et l’héritage local. « On peut se montrer patriote, heureux, fier et traverser son identité, précisément parce qu’on a réussi à devenir francophone et algérien », affirme-t-il, avant de conclure : « J’espère que nous serons tous des traîtres un jour ».
Mais cette parution intervient sur fond de polémique judiciaire. Kamel Daoud et son épouse, psychiatre, font l’objet de deux mandats d’arrêt internationaux émis par la justice algérienne, à la suite d’une plainte déposée par Saâda Arbane, rescapée d’un massacre durant la guerre civile des années 1990. Elle accuse le couple d’avoir utilisé son histoire personnelle dans le roman « Houris », sans son consentement.
Daoud a annoncé, par la voix de son avocate, son intention de contester ces mandats auprès d’Interpol. Une procédure civile est également en cours à Paris sur la même affaire.
