A Nairobi, l’atmosphère est tendue en ce 7 juillet, jour de commémoration du soulèvement Saba Saba de 1990, marqué cette année par une nouvelle journée de manifestations contre le gouvernement de William Ruto. Des barrages policiers ont été déployés aux principaux accès de la capitale, habituellement animée mais aujourd’hui largement désertée.
Depuis un an, une vague de contestation agite le pays, alimentée par la colère contre la hausse des taxes, la corruption, les disparitions forcées et les violences policières. Le mouvement, mené en grande partie par de jeunes Kényans urbains et connectés, surnommés la « Génération Z », prend une ampleur inédite.
En milieu de journée, seuls quelques groupes de manifestants ont été signalés dans les rues du centre, quadrillées par les forces de l’ordre. Des heurts ont éclaté : la police a tiré des gaz lacrymogènes sur une cinquantaine de jeunes, dont certains lançaient des pierres. En périphérie de la capitale et dans d’autres villes, des rassemblements limités ont eu lieu, parfois dispersés à l’aide de canons à eau.
« Je n’ai jamais vu le centre-ville comme ça », confie Edmond Khayimba, agent de sécurité de 29 ans à l’AFP. Certains militants ont appelé à une mobilisation à distance, incitant les manifestants à rester chez eux pour déjouer la répression.
Les tensions restent vives depuis les violentes manifestations du 25 juin, au cours desquelles 19 personnes ont été tuées et 500 arrêtées. Le gouvernement a évoqué une tentative de « coup d’État », tandis que les manifestants accusent les autorités d’avoir infiltré les cortèges avec des fauteurs de troubles pour décrédibiliser leur mouvement.
Les organisations de défense des droits humains, dont Amnesty et Human Rights Watch, ont vivement critiqué la réponse des autorités. L’ONU a, de son côté, appelé à des enquêtes « indépendantes et transparentes ».
Dimanche, un gang armé a attaqué le siège de la Commission kényane des droits humains lors d’une conférence de presse dénonçant les brutalités policières.
« Le gouvernement devrait être responsable », estime Rogers Onsomu, conducteur de boda-boda. « Ce que Ruto a promis, il ne le tient pas. Son départ est devenu un mot d’ordre. »
