Mamadou Hawa Gassama, membre du Conseil national de transition (CNT) du Mali, a été inculpé en Côte d’Ivoire pour « offense au chef de l’État », a annoncé mercredi son avocat. L’élu malien est détenu à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) depuis le 2 juillet 2025.
Selon Me Mamadou Ismaila Konaté, l’homme politique malien fait également l’objet de poursuites pour « injure » par voie de médias et « fausse déclaration », à la suite de propos tenus en septembre 2022. Lors d’une interview accordée à un média malien, Gassama s’en était violemment pris au président ivoirien Alassane Ouattara, à la suite des sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) contre la junte militaire au pouvoir à Bamako.
« Alassane Ouattara est un ennemi du Mali, j’ai des preuves », avait-il déclaré en bambara dans une vidéo largement diffusée. D’après son avocat, Gassama a reconnu être l’auteur de ces propos et apparaître dans les vidéos versées au dossier.
Le code pénal ivoirien prévoit jusqu’à deux ans de prison pour offense au chef de l’État, et jusqu’à cinq ans pour injure publique par voie de médias.
La défense compte invoquer plusieurs éléments atténuants, notamment l’âge avancé de l’accusé, son statut d’élu dans une institution officielle malienne, son état de santé et sa nationalité étrangère.
L’affaire intervient dans un contexte de tensions diplomatiques persistantes entre la Côte d’Ivoire et le Mali, exacerbées par le double coup d’Etat à Bamako en 2020 et 2021. Les relations entre les deux pays s’étaient déjà fortement dégradées en 2022, lorsque 49 soldats ivoiriens de la mission de l’ONU au Mali avaient été arrêtés à Bamako, accusés de mercenariat. Condamnés à 20 ans de prison, ils avaient finalement été graciés après plusieurs mois de crise.
