Tunisie : Flottille pour Gaza, l’histoire du « drone attaque » vire à la désinformation

Alors que la « Global Sumud Flotilla » s’apprête à prendre la mer depuis la Tunisie en direction de Gaza, les organisateurs ont affirmé avoir été la cible d’une prétendue attaque de drone, dans ce qui apparaît de plus en plus comme une opération de communication déconnectée de la réalité.

Dans la nuit de lundi à mardi, un incendie s’est déclaré à bord du Family, l’un des bateaux de la flottille, ancré au large de Sidi Bou Saïd. Les militants présents ont rapidement évoqué une attaque aérienne ciblée, vidéo à l’appui, allant jusqu’à accuser, sans preuve, un drone « ayant lâché une charge explosive ». 

Le récit dramatique d’un militant portugais, affirmant avoir vu un drone à quelques mètres de lui, a aussitôt été relayé par les réseaux proches de la cause.

Mais les autorités tunisiennes ont rapidement démenti cette version. Selon la Garde nationale, aucune activité de drone n’a été détectée dans la zone, et les premières constatations pointent plutôt vers un incendie accidentel, probablement déclenché par un mégot mal éteint. Un incident banal, transformé en scénario de film à visée médiatique.

Etrangement, les membres de la flottille ont refusé de commenter ces conclusions locales, évoquant la « sensibilité » de l’affaire. Ce silence sélectif contraste avec leur empressement à impliquer, de manière à peine voilée, Israël dans ce qu’ils qualifient “d’acte d’agression”.

Il s’agit là d’un glissement dangereux vers la désinformation. En l’absence de preuves concrètes, l’accusation d’attaque de drone relève davantage du coup d’éclat symbolique que du fait établi. Même l’armée israélienne, contactée par plusieurs médias, n’a pas réagi à ces allégations, tant elles semblent infondées.

Pendant ce temps, certaines voix, comme la rapporteure de l’ONU Francesca Albanese, s’empressent de qualifier l’incident, non vérifié, de possible « atteinte à la souveraineté tunisienne ». Une escalade rhétorique risquée, construite sur une base fragile.

En réalité, cet épisode illustre surtout la volonté de certains militants d’entretenir un climat de tension autour de la flottille, au détriment de la rigueur factuelle. A quelques jours de leur départ annoncé, cette mise en scène pourrait bien desservir leur propre cause.