Une grève nationale lancée lundi par le syndicat nigérian des travailleurs du pétrole et du gaz (NUPENG) perturbe la distribution d’essence au Nigeria. En cause : les conditions d’embauche prévues par la raffinerie du milliardaire Aliko Dangote, accusée d’exclure les droits syndicaux.
Selon le NUPENG, la raffinerie imposerait aux chauffeurs de renoncer à toute affiliation syndicale. Une accusation balayée par Anthony Chiejina, porte-parole du groupe Dangote, qui dénonce un « chantage mesquin ».
La contestation survient alors que la méga-raffinerie, la plus grande d’Afrique avec une capacité de 650 000 barils par jour, prévoit de recruter des milliers de conducteurs pour livrer directement ses produits aux distributeurs via une flotte de camions au gaz naturel. Ce changement de modèle inquiète les acteurs traditionnels du secteur, comme l’Association des distributeurs pétroliers indépendants, qui redoute l’émergence d’un monopole.
Depuis son inauguration en 2024, la raffinerie Dangote a permis de stabiliser l’approvisionnement en carburant dans un pays pourtant premier producteur de pétrole en Afrique mais dépendant des importations.
Si la grève se poursuit, elle pourrait menacer cette stabilité et faire ressurgir les pénuries chroniques de carburant. Pour l’heure, le groupe Dangote assure que « tout fonctionne normalement » et que des discussions sont en cours avec les autorités et le syndicat.
La mobilisation a pris une dimension internationale mardi, avec le soutien de grandes organisations syndicales. La CSI-Afrique (Confédération syndicale internationale) a dénoncé « une menace pour les droits des travailleurs sur tout le continent », tandis qu’IndustriAll, représentant plus de 50 millions de salariés dans le monde, exige le respect du droit à la liberté syndicale.
Le réseau juridique ILAW Network a également appelé le groupe Dangote à garantir aux chauffeurs le droit de rejoindre « toute organisation légitime représentant leurs intérêts ».
