Amnesty International a accusé mercredi les gouvernements européens de « complicité dans des atteintes aux droits humains » subis par les migrants interceptés en mer par les autorités libyennes et transférées en Libye, où ils croupissent dans des centres de détention sordides et « subissent torture et extorsion ».
« L’Union européenne (UE) ferme les yeux sur les souffrances causées par sa politique migratoire qui consiste à sous-traiter le contrôle des frontières à la Libye », a déclaré Heba Morayef, directrice du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient au sein de l’organisation humanitaire internationale, précisant qu’au moins 2600 migrants ont été transférées, au cours des deux derniers mois, dans des « centres de détention sordides » en Libye.
Dans un communiqué, l’organisation humanitaire internationale accuse les dirigeants européens de « permettre aux garde-côtes libyens d’intercepter un maximum de migrants et de réfugiés » et de les renvoyer directement vers les centres de détention en Libye. Au moins 7000 migrants et réfugiés croupissent dans ces centres de détention, où « les atteintes aux droits humains sont monnaie courante et où la nourriture et l’eau sont insuffisantes », s’indigne Amnesty International.
« L’UE doit cesser de s’appuyer sur la garde côtière libyenne pour contenir les migrants en Libye, et doit fermer les centres de détention, réinstaller les réfugiés en Europe et permettre au HCR de venir en aide à tous les réfugiés en Libye », a ajouté Heba Morayef.
Grâce aux moyens mis à leur disposition par les pays européens, les garde-côtes libyens ont intercepté au cours des quatre premiers mois de l’année, près de 5000 migrants et réfugiés, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
De son côté, Médecins Sans Frontières avait tiré la sonnette d’alarme, début mai, quant à la situation humanitaire de 800 migrants détenus dans un centre « dangereusement surpeuplé dans la ville de Zuwara », dans l’ouest de la Libye.