L’absence d’accord sur le Nil entre l’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte pourrait avoir de « graves conséquences humanitaires », alors qu’un immense barrage construit par Addis Abdeba inquiète Le Caire, avait estimé le cercle de réflexion Crisis Group dans un rapport.
L’Egypte craint que la construction du grand barrage de la Renaissance (GERD) sur le Nil Bleu, entamée en 2012, n’entraîne une réduction du débit du fleuve, dont elle dépend à 90% pour son approvisionnement en eau.
Les pourparlers se sont multipliés récemment entre les trois Etats riverains mais sans aboutir à des avancées concrètes.
« Les parties pourraient dégénérer en conflit, avec de graves conséquences humanitaires, s’ils ne peuvent pas formuler de solutions techniques permettant à la construction du GERD de se dérouler de manière à éviter les chocs économiques et environnementaux des pays en aval », a prévenu Crisis Group dans un rapport publié mercredi.
Le Nil Bleu, qui prend sa source en Ethiopie, rejoint le Nil Blanc à Khartoum pour former le Nil qui traverse le Soudan et l’Egypte avant de se jeter dans la Méditerranée.
Le barrage de la Renaissance est censé devenir la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique, avec une production de 6.000 mégawatts.
L’International Crisis Group, spécialisé dans la prévention et la résolution des conflits a appelé les dirigeants des trois pays concernés à « rechercher un accord aujourd’hui, plutôt que d’attendre que le projet soit achevé ».
« Malgré des suspicions mutuelles, il existe actuellement une fenêtre d’opportunité », ont toutefois souligné les auteurs du rapport, évoquant notamment l’arrivée au pouvoir du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed en avril 2018.
Ce dernier avait rencontré le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi en juin au Caire, peu après sa prise de fonction.
Crisis Group propose notamment de renforcer les discussions sur l’impact du GERD et négocier un « traité sur le Nil pour le long-terme ». La communauté internationale est également appelée à jouer un rôle pour aboutir à un compromis, notamment les Etats-Unis et la Chine, ainsi que les pays européens et du Golfe.
En mai 2018, l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie ont décidé de créer un comité scientifique consacré au barrage, après des mois d’impasse sur ce dossier.