Le président de la cour d’appel de N’Djamena ,Yenan Timothe, a condamné deux responsables d’un important groupe rebelle tchadien à la prison à vie pour participation à des mouvements insurrectionnels.
Les deux rebelles sont Hassan Boulmaye, président d’un groupe basé dans le sud de la Libye frontalier avec le Tchad, le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), et Ahmat Yacoub Adam, son porte-parole.
« J’ai créé ce mouvement pour apporter un changement démocratique au Tchad (…) pour contraindre l’Etat tchadien à dialoguer avec nous », a déclaré à la barre l’un des accusés, M. Boulmaye.
MM. Boulmaye et Yacoub Adam ont le statut de réfugiés, respectivement en France et en Egypte, selon leurs avocats.
Ils avaient été arrêtés en octobre, dans la région d’Agadez, dans le nord du Niger, avec un troisième membre du CCMSR, Abderrahman Issa.
« Nous avons été enlevés par les autorités nigériennes », a déclaré M. Boulmaye au cours du procès, puis « transférés au Tchad par un vol spécial sans respecter les procédures judiciaires ».
Les rebelles avaient été transférés à Koro Toro, un bagne situé en plein désert au nord du pays.
Un troisième rebelle, Abderrahman Issa, est « décédé dans la prison de Koro Toro suite à de mauvais traitements », avait déclaré à l’AFP une source sécuritaire.
Apparu en 2016, le CCMSR se définit comme une opposition politico-militaire au pouvoir d’Idriss Déby et revendique plusieurs milliers de combattants.
En août 2018, le groupe avait attaqué depuis la Libye voisine des villages et positions militaires du nord tchadien. Dans la foulée, le Tchad avait lancé une opération militaire dans tout le Tibesti (nord), toujours en cours.
Le nord du Tchad, frontalier du Soudan, de la Libye et du Niger, est une région troublée du Sahel, désertique, peu habitée et difficile à contrôler.
Plusieurs groupes rebelles tchadiens ont établi leur base dans le sud libyen voisin d’où ils mènent des incursions en territoire tchadien.