Dominique Pin, directeur général du groupe français Areva, spécialisé dans le nucléaire civil a été expulsé du Niger la semaine dernière par arrêté ministériel. La décision a été prise par le ministre de l'intérieur et de la sécurité publique, Albadé Abouba.La presse locale a lié cet événement aux critiques émises à l'encontre du groupe français de la part du gouvernement nigérien …
selon lesquelles Areva aurait des liens avec la rébellion.Mr. Pin est accusé de "nuire aux intérêts du Niger", en entretenant des liens avec le groupe de rebelles touaregs du Mouvement Nigérien pour la Justice (MNJ) en conflit ouvert avec Niamey depuis le mois de février.
Une première rébellion touarègue avait eu lieu au début des années 90. Elle a pris fin en 1995 grâce à un accord de paix. Le gouvernement avait alors promis d'augmenter ses investissements dans le nord du pays, faiblement peuplé, et avait engagé d'anciens membres de la rébellion dans les rangs des forces armées. Selon le MNJ, l'accord de paix n'a pas été totalement respecté. Le gouvernement, qui dit avoir rempli ses obligations, refuse de négocier avec les rebelles qu'il qualifie de « trafiquants de drogue et de bandits. »
L’interdiction de territoire de Dominique Pin, qui a « surpris » aussi le Quai d’Orsay, se joue sur fond de guerre commerciale pour l’exploitation de l’uranium au Niger.
Cette décision intervient moins d’un mois après l’expulsion d’un ancien colonel français, Gérard Denamur, expert en sécurité travaillant sur l'important site de prospection d'uranium à Imouraren (nord), en raison de "liens" avec les rebelles touaregs.
Areva, pour assurer sa sécurité sur le site d’Imouraren, a financé un détachement des Forces nationales d'intervention et de sécurité (Fnis). « L’argent sur les conseils des autorités a été versé directement aux équipes, mais une partie des hommes a rejoint la rébellion », explique-t-on à Paris. « Nous faisons aussi partie des cibles frappées par les rebelles. Il ne faut pas oublier l’attaque de notre camp au mois d’avril. »
Notons qu'Areva, est numéro un mondial dans le nucléaire civil et premier employeur au Niger après l'Etat.
La semaine dernière, Dominique Pin avait annoncé lors d’une conférence de presse un investissement d’un milliard d’euros (700 milliards de francs CFA) pour l’exploitation des mines d’Imouraren.
L’expulsion du patron d’Areva du Niger, pourrait aussi cacher des arrières pensées plus mercantiles. Toujours très prudente, la direction du groupe refuse d’évoquer cette question : « Le prix de l’uranium est un autre débat dans lequel nous ne voulons pas rentrer. »
Partenaires privilégiés du gouvernement nigérien il y a encore quelques mois, les Français subissent la concurrence des investisseurs chinois et du géant australien Rio Tinto. Des relations qui auraient aussi pâti du refus du groupe français de communiquer des données géologiques. L’uranium nigérien est stratégique pour Areva. Avec une production, pour l’année 2006, de 4 000 tonnes sur ses sites d’Arlit et d’Imouraren, il représente plus de la moitié de la production totale du groupe. Nul doute que Areva va tenter d’aplanir au plus vite ce différend, quitte à faire de nouveaux efforts pour séduire Niamey.
Par ailleur, souhaitant éviter une crise diplomatique avec le Niger, la France qui produit 80% de son électricité à base de l'énergie nucléaire, tente depuis la semaine dernière de calmer le jeu. C'est ainsi que la ministre des Affaires étrangères du Niger, Mme Aïchatou Mindaoudou a rencontré à Paris les dirigeants d'Areva, notamment la présidente du goupe, Anne Lauvergeon, une semaine après l'expulsion par son pays du représentant à Niamey du groupe français.
De son côté, le secrétaire d'Etat français à la Coopération Jean-Marie Bockel a assuré qu'il n'y avait pas de "crise" entre la France et le Niger, après l'expulsion du représentant d'Areva de ce pays qui constitue néanmoins, selon lui, "une vraie difficulté". Interrogé sur le fond de l'affaire, M. Bockel a estimé qu'il "y a pu y avoir à un niveau ou à un autre, un mélange peut-être de maladresse, totalement involontaire au niveau du groupe, de sa direction (…) et puis, il y a eu aussi des éléments de malchance".
"A partir du moment où un responsable de sécurité décide de rejoindre la rébellion sans rien demander à personne, je comprends que ce soit mal perçu du point de vue des autorités du Niger. Du point de vue d'Areva, c'est un peu pas de chance", a-t-il dit. M. Bockel a aussi évoqué une éventuelle "maladresse" dans la passation de "contrats de sécurité" par le groupe français.
Selon les informations que nous avons pu récolter, il est également perçu une connivence entre le MNJ et la Libye. Il reste qu’entre le Niger et la Libye, il y aura toujours des différends frontaliers, d’autant que la frontière entre les deux pays n’a, jusqu’ici, pas été bornée. Les prétentions territoriales des deux Etats sur le puits de Toumo et une partie de la zone des plateaux de Manguéni sont anciennes. Les premiers écrits, à ce sujet, datent de 1971, du temps de Feu le président Diori Hamani. Au gré des conjonctures politiques, ces prétentions refont surface de part et d’autre. Pendant que le Niger va plus au Nord, la Libye descend plus au Sud.
Dans le même ordre d’idées, Le groupe d'Anne Lauvergeon s'intéresse à d'éventuels gisements d'uranium dans le Sud libyen. "Le contexte géologique est le même" qu'au Niger, où Areva exploite d'importantes mines, a indiqué M. Sarkozy. Le groupe discute aussi du rachat des 1 600 tonnes d'uranium stockées par Tripoli dans le cadre de son programme militaire.
De nombreux pays du pourtour méditerranéen (Egypte, Algérie, Maroc, Turquie) et du golfe Persique ont l'intention de se doter de centrales nucléaires. Et la concurrence va s'exacerber entre les français (EDF, Areva), les américains (General Electric), les japonais (Toshiba-Westinghouse) et les russes (Atomenergoprom). Areva et EDF n'ont "que quelques années d'avance" sur leurs concurrents, prévient le PDG d'un grand groupe d'énergie qui a tenu à garder l’anonymat.
Une première rébellion touarègue avait eu lieu au début des années 90. Elle a pris fin en 1995 grâce à un accord de paix. Le gouvernement avait alors promis d'augmenter ses investissements dans le nord du pays, faiblement peuplé, et avait engagé d'anciens membres de la rébellion dans les rangs des forces armées. Selon le MNJ, l'accord de paix n'a pas été totalement respecté. Le gouvernement, qui dit avoir rempli ses obligations, refuse de négocier avec les rebelles qu'il qualifie de « trafiquants de drogue et de bandits. »
L’interdiction de territoire de Dominique Pin, qui a « surpris » aussi le Quai d’Orsay, se joue sur fond de guerre commerciale pour l’exploitation de l’uranium au Niger.
Cette décision intervient moins d’un mois après l’expulsion d’un ancien colonel français, Gérard Denamur, expert en sécurité travaillant sur l'important site de prospection d'uranium à Imouraren (nord), en raison de "liens" avec les rebelles touaregs.
Areva, pour assurer sa sécurité sur le site d’Imouraren, a financé un détachement des Forces nationales d'intervention et de sécurité (Fnis). « L’argent sur les conseils des autorités a été versé directement aux équipes, mais une partie des hommes a rejoint la rébellion », explique-t-on à Paris. « Nous faisons aussi partie des cibles frappées par les rebelles. Il ne faut pas oublier l’attaque de notre camp au mois d’avril. »
Notons qu'Areva, est numéro un mondial dans le nucléaire civil et premier employeur au Niger après l'Etat.
La semaine dernière, Dominique Pin avait annoncé lors d’une conférence de presse un investissement d’un milliard d’euros (700 milliards de francs CFA) pour l’exploitation des mines d’Imouraren.
L’expulsion du patron d’Areva du Niger, pourrait aussi cacher des arrières pensées plus mercantiles. Toujours très prudente, la direction du groupe refuse d’évoquer cette question : « Le prix de l’uranium est un autre débat dans lequel nous ne voulons pas rentrer. »
Partenaires privilégiés du gouvernement nigérien il y a encore quelques mois, les Français subissent la concurrence des investisseurs chinois et du géant australien Rio Tinto. Des relations qui auraient aussi pâti du refus du groupe français de communiquer des données géologiques. L’uranium nigérien est stratégique pour Areva. Avec une production, pour l’année 2006, de 4 000 tonnes sur ses sites d’Arlit et d’Imouraren, il représente plus de la moitié de la production totale du groupe. Nul doute que Areva va tenter d’aplanir au plus vite ce différend, quitte à faire de nouveaux efforts pour séduire Niamey.
Par ailleur, souhaitant éviter une crise diplomatique avec le Niger, la France qui produit 80% de son électricité à base de l'énergie nucléaire, tente depuis la semaine dernière de calmer le jeu. C'est ainsi que la ministre des Affaires étrangères du Niger, Mme Aïchatou Mindaoudou a rencontré à Paris les dirigeants d'Areva, notamment la présidente du goupe, Anne Lauvergeon, une semaine après l'expulsion par son pays du représentant à Niamey du groupe français.
De son côté, le secrétaire d'Etat français à la Coopération Jean-Marie Bockel a assuré qu'il n'y avait pas de "crise" entre la France et le Niger, après l'expulsion du représentant d'Areva de ce pays qui constitue néanmoins, selon lui, "une vraie difficulté". Interrogé sur le fond de l'affaire, M. Bockel a estimé qu'il "y a pu y avoir à un niveau ou à un autre, un mélange peut-être de maladresse, totalement involontaire au niveau du groupe, de sa direction (…) et puis, il y a eu aussi des éléments de malchance".
"A partir du moment où un responsable de sécurité décide de rejoindre la rébellion sans rien demander à personne, je comprends que ce soit mal perçu du point de vue des autorités du Niger. Du point de vue d'Areva, c'est un peu pas de chance", a-t-il dit. M. Bockel a aussi évoqué une éventuelle "maladresse" dans la passation de "contrats de sécurité" par le groupe français.
Selon les informations que nous avons pu récolter, il est également perçu une connivence entre le MNJ et la Libye. Il reste qu’entre le Niger et la Libye, il y aura toujours des différends frontaliers, d’autant que la frontière entre les deux pays n’a, jusqu’ici, pas été bornée. Les prétentions territoriales des deux Etats sur le puits de Toumo et une partie de la zone des plateaux de Manguéni sont anciennes. Les premiers écrits, à ce sujet, datent de 1971, du temps de Feu le président Diori Hamani. Au gré des conjonctures politiques, ces prétentions refont surface de part et d’autre. Pendant que le Niger va plus au Nord, la Libye descend plus au Sud.
Dans le même ordre d’idées, Le groupe d'Anne Lauvergeon s'intéresse à d'éventuels gisements d'uranium dans le Sud libyen. "Le contexte géologique est le même" qu'au Niger, où Areva exploite d'importantes mines, a indiqué M. Sarkozy. Le groupe discute aussi du rachat des 1 600 tonnes d'uranium stockées par Tripoli dans le cadre de son programme militaire.
De nombreux pays du pourtour méditerranéen (Egypte, Algérie, Maroc, Turquie) et du golfe Persique ont l'intention de se doter de centrales nucléaires. Et la concurrence va s'exacerber entre les français (EDF, Areva), les américains (General Electric), les japonais (Toshiba-Westinghouse) et les russes (Atomenergoprom). Areva et EDF n'ont "que quelques années d'avance" sur leurs concurrents, prévient le PDG d'un grand groupe d'énergie qui a tenu à garder l’anonymat.