Le mouvement politique tunisien Ennahdha a exprimé, mardi, son appel en faveur de la libération de son secrétaire général et ancien membre du parlement dissous, Ajmi Lourimi.
Dans une déclaration publiée, Ennahdha a dénoncé le maintien en détention de Lourimi, emprisonné du 6 au 10 mars, sans justification légale. Le mouvement considère cette arrestation comme « arbitraire » et a vivement critiqué l’attitude du tribunal, qui a ignoré les demandes de libération présentées par les avocats, comme l’a rapporté le site Espace Manager. Mais cette affaire de rétention ne se limite pas à l’arrestation de Lourimi.
Ennahdha met en lumière un phénomène plus large qui touche l’ensemble du système politique tunisien depuis que le président Kaïs Saïed a pris le contrôle du pays.
Sous son régime, la répression des opposants politiques, des voix critiques et des mouvements démocratiques s’est intensifiée, ce qui conduit à un climat de peur et d’intolérance vis-à-vis des oppositions.
Le mouvement affirme que l’arrestation de Lourimi s’inscrit dans un cadre de répression systématique et que la justice tunisienne est désormais utilisée comme un instrument politique pour étouffer toute forme de contestation.
Depuis la prise de pouvoir de Kaïs Saïed en juillet 2021, la Tunisie, qui avait émergé comme un modèle de transition démocratique après la révolution de 2011, s’est dirigée vers un autoritarisme de plus en plus marqué.
Saïed a progressivement concentré les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire entre ses mains, dissolvant le parlement, révisant la constitution par un décret présidentiel et réprimant violemment les voix dissidentes.
La semaine dernière, la chambre d’accusation spécialisée dans les affaires de terrorisme a décidé de renvoyer Lourimi et Mossâab Gharbi, un autre activiste d’Ennahdha, devant la chambre criminelle pour leur procès, en raison de l’absence d’une information concernant une soi-disant infraction terroriste. Ce type d’accusation est courant dans le contexte politique actuel et est souvent utilisé pour discréditer les opposants, les détruire moralement et les emprisonner sans fondement réel.
Les analystes occidentaux mettent en garde contre les dérives autoritaires du régime de Saïed, qui affaiblit les institutions démocratiques et menace l’indépendance de la justice.
Ils estiment que cette situation n’est pas isolée et fait partie d’une stratégie globale visant à « monopoliser le pouvoir » et à « réduire au silence toute forme d’opposition ».
Sous le prétexte de la sécurité nationale et de la lutte contre le terrorisme, les autorités utilisent les mécanismes judiciaires pour éliminer toute voix dissidente, que ce soit dans la société civile, dans les partis politiques ou dans les syndicats.