Mauritanie : les services de lutte contre le narcotrafic sous pression

Un incendie a entièrement ravagé dimanche 20 juin 2010 le domicile du directeur national mauritanien du bureau de lutte contre le trafic de drogue, le commissaire Mohamed Ould Negib, situé à Tevragh Zeina, sur la route de Nouadhibou. Les officiels du pays craignent la probabilité d’un acte d’origine criminelle qui aurait été commis par des narcotrafiquants.

Un incendie a entièrement ravagé dimanche 20 juin 2010 le domicile du directeur national mauritanien du bureau de lutte contre le trafic de drogue, le commissaire Mohamed Ould Negib, situé à Tevragh Zeina, sur la route de Nouadhibou. Les officiels du pays craignent la probabilité d’un acte d’origine criminelle qui aurait été commis par des narcotrafiquants. L’officier mauritanien aurait reçu des menaces récemment, ce qui viendrait confirmer la thèse de l’attentat-avertissement prémédité. Des sources sécuritaires mauritaniennes précisent que le domicile du commissaire a été entièrement consumé par l’incendie, qui n’a pas fait de victimes. En Mauritanie, les éléments des services de sécurité en charge de la lutte contre le  terrorisme, le trafic de drogue, ou la traite d’êtres humains se trouvent depuis peu exposés à des actes criminels , avec une intensification qui fait craindre une baisse du potentiel de renouvellement en hommes, le harcèlement systématique exercé à l’encontre des forces de l’ordre créant un véritable « effet-repoussoir ».
Le problème n’est pas nouveau, la région sahélo-saharienne constitue un espace où prolifèrent les trafics de stupéfiants et d’armes dont profitent les trafiquants de tout bord, mais surtout les milices armées soupçonnées d’agir au sein des réseaux des combattants d’Al-Qa’ida au Maghreb Islamique (AQMI).
Les services de sécurité  en charge de la lutte contre le terrorisme au Sahara et au Sahel viennent ainsi de publier la liste de présumés terroristes comprenant les noms de 108 suspects, dont 34 Mauritaniens. Ces derniers seraient affiliés à la branche armée dite « Imarat Essahra » (L’Emirat du Sahara).
Cette liste comprendrait, selon des sources informées, des Algériens, des Nigériens, des Tchadiens et des Maliens qui viendraient s’approvisionner en armes légères dans cette étendue désertique. Les suspects se trouvent également de plus en plus impliqués dans le trafic de drogue, source de financement principale des mouvances terroristes. Car la clandestinité coûte cher de par le besoin de rester mobile, d’acquérir du matériel de transmission, de louer et d’équiper des « planques ». Le moyen le plus efficace pour lutter contre la prolifération des groupes islamistes dans le Sahel reste ainsi sans conteste la traque des moyens des financements et la surveillance des pistes de diversification de ces derniers. Pour rappel, de nombreux Mauritaniens ont rejoint l’aile de Yahya Abou Oumar durant la période allant de 2003 à 2009, certains se faisant appeler « Jounoud Allah Al Mourabitoune ». Selon des sources proches de la CIA, ce serait près de 300 à 400 hommes armés qui opèrent pour le compte d’AQMI dans la zone du sahel.