Ethiopie : Le gouvernement surveille de près les tensions croissantes au Tigré après des affrontements internes

Le gouvernement éthiopien surveille de près la situation au Tigré, une région du nord du pays où des tensions entre factions du parti au pouvoir risquent de provoquer un nouvel affrontement, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Gedion Timothewos.

Le Tigré a été le théâtre d’un conflit dévastateur entre novembre 2020 et novembre 2022, opposant les forces fédérales éthiopiennes, soutenues par des milices locales et l’armée érythréenne, aux rebelles tigréens. Ce conflit a fait au moins 600 000 morts dans une région de près de six millions d’habitants, selon l’Union africaine. Les hostilités ont cessé après la signature d’un accord de paix à Pretoria, en Afrique du Sud.

Cependant, des retards dans la mise en œuvre de cet accord ont ravivé les tensions internes au sein du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), le parti autrefois dominant en Éthiopie et qui gouverne aujourd’hui la région. Un haut responsable du parti, Getachew Reda, qui dirige une administration intérimaire imposée par les autorités fédérales, s’oppose à Debretsion Gebremichael, le dirigeant principal du TPLF.

Le ministre Gedion Timothewos a affirmé vendredi que le gouvernement éthiopien « suit attentivement la situation » et a assuré que tout serait mis en œuvre pour garantir le respect de l’accord de paix de Pretoria, du cessez-le-feu et pour maintenir la paix dans le nord de l’Éthiopie.

Dans un communiqué publié samedi, la Commission éthiopienne des droits humains (EHRC) a exprimé des inquiétudes quant aux tensions croissantes, mettant en garde contre le risque de « compromettre la paix relative » obtenue après l’accord. L’EHRC a également évoqué des « craintes de violations des droits humains » et appelé toutes les parties à « s’abstenir de toute action susceptible d’aggraver la crise ».

Mardi, des hommes armés loyaux à M. Debretsion ont pris le contrôle d’Adigrat, la deuxième ville du Tigré, située près de la frontière avec l’Erythrée. Jeudi, cette même faction a renversé un maire nommé par l’administration intérimaire en prenant le contrôle de la capitale régionale, Mekele.

La situation suscite également des inquiétudes concernant l’Érythrée, pays voisin de l’Éthiopie, avec qui les relations sont tendues. Entre 1998 et 2000, les deux pays se sont affrontés dans une guerre pour des différends territoriaux, faisant des dizaines de milliers de victimes.

Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, avait obtenu en 2019 le prix Nobel de la paix après avoir signé un accord avec le président érythréen Isaias Afewerki, ce qui avait permis une réouverture temporaire des frontières. Cependant, les relations se sont à nouveau détériorées après la guerre du Tigré. Les ambitions d’Abiy Ahmed pour un accès à la mer, dans un pays enclavé comme l’Éthiopie, ont également aggravé les tensions avec l’Érythrée, qui accuse l’Éthiopie de viser le port d’Assab.