Le conflit qui a déchiré la Libye pendant des mois et s’est terminé par la fin du régime de Kadhafi, a aggravé la situation sécuritaire dans la zone du Sahel, déjà confrontée à l’activisme d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) et à la multiplication des réseaux de trafic en tous genres. Une bonne partie de ces problèmes est liée au retour dans leur pays de milliers de jeunes. Le problème ne se pose toutefois pas avec les travailleurs migrants ou les personnes qui étaient régulièrement installées en Libye. L’inquiétude est suscitée plutôt par les jeunes qui ont participé aux combats. La présence d’armes en grand nombre issues des arsenaux de Kadhafi, accroît les craintes de résurgence des mouvements de dissidence et de confrontation avec les forces régulières dans les pays de la région. Le problème se pose pour le Mali et le Niger, mais aussi pour le Polisario, dont de nombreux éléments ont combattu aux côtés de Kadhafi.
Beaucoup sont rentrés dans les camps de Tindouf, QG du mouvement qui lutte à partir du territoire algérien pour l’indépendance de la région du Sahara Occidental. A présent, les craintes sont grandes de voir ces jeunes désoeuvrés attirés par des activités devenues florissantes dans le sahel: le trafic de drogue en provenance de l’Afrique de l’ouest, la criminalité organisée et les enlèvements d’Occidentaux dont la libération contre rançons rapporte gros aux groupes terroristes d’Aqmi. L’année 2011 a d’ailleurs enregistré le sinistre record des rapts d’Européens dans la Sahel. La situation est si grave que l’ONU a dépêché une mission en décembre 2011 dans plusieurs pays de la région. Les émissaires onusiens ont constaté la gravité de la situation et évalué les répercussions du conflit Libyen sur différents Etats de la région : Mali, Niger Tchad et Mauritanie. L’ONU est toutefois consciente de la limite de ses moyens, se contentant d’appeler à un élan des Etats membres et des organisations internationales pour aider les pays du Sahel à lutter contre les menaces de déstabilisation.