Les manœuvres qui battent leur plein à Paris pour placer des fidèles aux postes clés de la filière électrique, renvoient au rôle stratégique que représente le groupe nucléaire français Areva. Après avoir débarqué Anne Lauvergeon en 2011, l’Elysée compte garder la main sur le groupe nucléaire qui exploite au Niger l’un des plus grands gisements d’uranium en Afrique. Areva mène avec EDF des discussions difficiles pour des opérations de fourniture de combustible et de prise de participation dans des actifs miniers. Le groupe Areva assure que les négociations portent essentiellement sur la future mine d’Imouraren au Niger.
Il s’agit de la plus grande mine d’uranium à ciel ouvert d’Afrique, et la deuxième au monde. Le complexe de la future mine démarrera, vraisemblablement, en 2015 pour un investissement d’au moins 1,2 milliard d’euros. A terme, le groupe français compte sur une production annuelle de 5000 tonnes. Pourtant, l’Etat français actionnaire à plus de 80% d’Areva, a des soucis à se faire, surtout avec l’entrée envahissante de la Chine en Afrique. Pour répondre à ses énormes besoins en énergie, Pékin a établi un ambitieux programme nucléaire qui prévoit la construction de plus d’une vingtaine de réacteurs nucléaires. Un programme qui s’étalera sur plusieurs années et qui risque de rendre la compétition plus ardue entre la France, présente de longue date en Afrique, et le nouvel arrivant. Ce qui amène les observateurs à considérer que la situation de déstabilisation qui prévaut actuellement dans le Sahel ne va pas totalement contre les intérêts français. Il est vrai que sept salariés d’Areva travaillant sur le site d’exploitation d’Arlit, au Niger, ont été enlevés en septembre 2010 par un groupe terroriste se réclamant d’Aqmi. Trois d’entre eux ont été relâchés depuis, alors que les jihadistes exigent des dizaines de millions d’euros pour la libération des quatre autres captifs. Pour sa part, Paris assure régulièrement qu’il poursuit ses efforts pour la libération des otages. Des efforts qui n’excluent certainement pas un renforcement de la présence militaire française dans la région, avec la caution des gouvernements locaux.