Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a vivement condamné vendredi ce qu’il décrit comme « l’intimidation et le harcèlement » subis par les avocats et les membres des médias critiques en Tunisie, en particulier à l’égard de leur opposition aux politiques migratoires gouvernementales.
Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat, a dénoncé lors d’une conférence de presse à Genève les perquisitions récentes menées contre l’Ordre des avocats en Tunisie, les qualifiant de violation de l’État de droit et des normes internationales protégeant l’indépendance et le rôle des avocats. Elle a souligné que de tels actes constituent une forme d’intimidation et de harcèlement.
Mme Shamdasani a également rappelé l’appel du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, aux autorités tunisiennes pour qu’elles respectent et protègent les libertés fondamentales d’expression, d’association et de rassemblement pacifique, telles que garanties par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
En outre, elle a déploré l’augmentation de l’usage d’une rhétorique déshumanisante et raciste à l’encontre des migrants noirs et des Tunisiens noirs.
Ces critiques surviennent alors que le président tunisien, Kaïs Saïed, a vivement réagi aux critiques occidentales suite à l’arrestation d’avocats et de personnalités médiatiques, affirmant la légitimité de ces mesures malgré les inquiétudes exprimées par l’Union européenne, la France et les États-Unis.
Le président, qui détient tous les pouvoirs depuis juillet 2021, a ordonné au ministère des Affaires étrangères de convoquer les ambassadeurs de plusieurs pays étrangers pour exprimer sa vive protestation contre ce qu’il considère comme une ingérence flagrante dans les affaires intérieures du pays.
Ces récents événements s’inscrivent dans un contexte plus large de répression des libertés en Tunisie, avec notamment l’arrestation de plus de 60 personnes en vertu d’un décret controversé, ainsi que la détention prolongée de personnalités politiques et d’hommes d’affaires dans le cadre d’une enquête pour « complot contre la sûreté de l’État ».