Les Nations Unies ont alerté jeudi que deux États du sud du Soudan étaient « au bord de la catastrophe », après une récente vague de violences qui aurait fait au moins 80 morts dans une ville.
Des affrontements ont éclaté la semaine dernière dans les États du Kordofan-Sud et du Nil Bleu, dans le sud du Soudan, une région plongée dans la guerre civile depuis avril 2023, opposant l’armée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
Le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-N), dirigé par Abdel Aziz al-Hilu, se trouve également en conflit avec les forces gouvernementales et les FSR.
Clémentine Nkweta-Salami, coordinatrice résidente et humanitaire de l’ONU au Soudan, a annoncé jeudi que les combats auraient fait au moins 80 morts à Kadugli, capitale de l’État du Kordofan-Sud. Elle a fermement condamné l’utilisation de civils comme boucliers humains à Kadugli, l’entrave à l’aide humanitaire, et la détention de civils, y compris des enfants. « Je condamne fermement l’utilisation de femmes et d’enfants comme boucliers humains, l’obstruction de l’aide humanitaire et l’emprisonnement de civils, dont des enfants », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Les forces armées et le SPLM-N s’accusent mutuellement d’attaques ciblant des civils dans le but de prendre le contrôle de territoires.
L’ONU a averti que cette intensification des violences risquait d’aggraver une crise humanitaire déjà très grave, avec des millions de personnes privées d’aide essentielle. « Les conséquences de l’insécurité alimentaire sont déjà visibles dans certaines régions du Kordofan-Sud, où les familles vivent avec des réserves alimentaires dangereusement insuffisantes et où les taux de malnutrition augmentent de manière alarmante », précise l’ONU dans son communiqué.
Actuellement, environ 500 000 personnes sont menacées de famine dans le Kordofan-Sud et le Nil Bleu, selon l’évaluation du système de classification de la sécurité alimentaire. Cette évaluation, soutenue par l’ONU, a déjà déclaré une situation de famine dans certaines parties des montagnes de Nouba, zone où le SPLM-N est actif.
À l’échelle nationale, les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, déraciné 12 millions de personnes et plongé près de 26 millions d’individus dans une insécurité alimentaire sévère.
Par ailleurs, la représentante d’UNICEF au Soudan, Annmarie Swai, a dénoncé mercredi la mort d’au moins 40 enfants en trois jours à la suite de frappes aériennes dans plusieurs régions du pays. Elle a qualifié ces pertes humaines de « triste illustration » des dangers qui pèsent sur les enfants dans un pays dévasté par la guerre. Swai a notamment évoqué les attaques contre Kadugli, capitale du Kordofan-Sud, lundi, qui ont tué 21 enfants et blessé 29 autres.
Elle a également mentionné des frappes qui ont tué 11 enfants dans le bombardement d’un marché aux bestiaux à El-Facher, capitale du Darfour-Nord, et 8 autres enfants dans une attaque contre un marché près de Khartoum samedi dernier.