Soudan du Sud : 50.000 déplacés suite aux affrontements dans le nord-est (ONU)

L’ONU a indiqué mardi qu’environ 50.000 personnes ont été déplacées dans le nord-est du Soudan du Sud à la suite des violences entre les forces gouvernementales et les rebelles, dont 10.000 ont fui vers l’Ethiopie, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), soulignant ainsi le risque d’un nouvel embrasement du pays.

Les affrontements ont mis en danger des communautés déjà vulnérables et ont forcé la suspension de services essentiels, a déclaré Anita Kiki Gbeho, représentante spéciale adjointe de la mission des Nations unies au Soudan du Sud. Elle a appelé « tous les acteurs à permettre aux humanitaires d’atteindre en toute sécurité ceux dans le besoin, en particulier les femmes, les enfants et les personnes âgées ».

La violence se concentre principalement dans le comté de Nasir, dans l’État du Haut-Nil, où des affrontements opposent les forces loyales au président Salva Kiir à l’ »Armée blanche », un groupe rebelle composé de jeunes de l’ethnie nuer, soutenus par le vice-président Riek Machar. Le 4 mars, environ 6.000 combattants de l’Armée blanche ont réussi à capturer un camp militaire sud-soudanais dans cette région, selon l’Autorité intergouvernementale sur le développement (IGAD).

Le 15 mars, l’armée sud-soudanaise a mené des frappes aériennes contre des positions rebelles à Nasir, tuant au moins 20 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, a rapporté James Gatluak, commissaire administratif de ce comté.

Le 1er mars, un hélicoptère de l’ONU, en mission de sauvetage pour des soldats sud-soudanais, a été attaqué, tuant un membre de l’équipage ainsi qu’un général sud-soudanais.

Yasmin Sooka, présidente de la commission des droits de l’Homme des Nations unies pour le Soudan du Sud, a averti récemment que le pays risquait une « régression alarmante » qui pourrait anéantir des années de progrès vers la paix.

Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, n’a toujours pas pu se remettre de la guerre civile dévastatrice entre le président Salva Kiir et son vice-président Riek Machar, qui a causé près de 400.000 morts et déplacé plus de quatre millions de personnes entre 2013 et 2018. Bien qu’un accord de paix ait été signé en 2018, les combats récents menacent de raviver le conflit.

Le ministre de l’Information, Michael Makuei Lueth, a confirmé lundi que l’armée sud-soudanaise avait bombardé des positions rebelles à Nasir, ajoutant que si des civils étaient présents avec les forces rebelles, « il n’y a rien que nous puissions faire ». Selon des responsables locaux, plus de 20 personnes, dont des enfants, ont perdu la vie dans ces frappes.

Dans un développement supplémentaire, M. Lueth a également révélé que des troupes ougandaises avaient été déployées à Juba, la capitale, dans le cadre d’un « pacte militaire », une information que les autorités sud-soudanaises avaient précédemment niée.