Dans une nouvelle affirmation de leur politique souverainiste, le Niger et le Burkina Faso, dirigés par des régimes militaires hostiles à la France, ont décidé de se retirer de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Ce retrait marque une rupture symbolique supplémentaire avec l’ancienne puissance coloniale et s’inscrit dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.
Le gouvernement nigérien a annoncé cette décision par l’intermédiaire de Laouali Labo, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, dans une lettre adressée aux ambassadeurs du pays. Dans celle-ci, il précise que le retrait du Niger de l’OIF a été pris de manière « souveraine ».
Le Niger, où l’OIF a été créée en 1970, est une ancienne colonie française dont la langue officielle est le français. Cependant, le climat politique a radicalement changé depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, qui a renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum.
En réponse à cette situation, l’OIF avait suspendu le pays de l’organisation quelques mois après le renversement du président. Bien que certains programmes aient bénéficié d’une exception, l’OIF a exigé un retour à l’ordre constitutionnel et la libération de Mohamed Bazoum, toujours séquestré avec son épouse dans le palais présidentiel.
La porte-parole de l’OIF, Oria K. Vande Weghe, a réagi à cette annonce en soulignant que cette décision « dérange » mais qu’elle est néanmoins respectée. Elle a commenté cette situation en déclarant que « l’OIF considère peut-être être un dommage collatéral d’une situation géopolitique qui la dépasse » et a ajouté que l’organisation resterait « près des Nigériens » dans ces moments difficiles.
Le retrait du Niger n’est pas isolé. Le Burkina Faso, dirigé également par un régime militaire après le coup d’État de septembre 2022, a déjà pris une démarche similaire. Bien que cette décision n’ait pas été officiellement annoncée par les autorités burkinabè, plusieurs sources ont confirmé le retrait du pays de l’OIF.
Mme Vande Weghe a également mentionné que, bien que des spéculations existent, pour l’instant, le Mali n’a pas suivi cette tendance.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), une confédération qui les unit dans des démarches politiques et militaires communes, notamment contre la France.
Depuis son arrivée au pouvoir, la junte dirigée par le général Abdourahamane Tiani a mené une politique résolument souverainiste. A l’instar du Mali et du Burkina Faso, elle a rompu ses relations diplomatiques et militaires avec la France, ce qui a notamment conduit à la dénomination de rues et monuments à Niamey qui portaient des noms français. Par exemple, la place de la Francophonie a été rebaptisée « place de l’Alliance des Etats du Sahel ». En octobre, le centre culturel franco-nigérien, qui portait le nom du réalisateur et ethnographe français Jean Rouch, a cessé de fonctionner en tant qu’établissement binational.
L’OIF, fondée en 1970, est une organisation intergouvernementale basée à Paris qui compte aujourd’hui 91 Etats et gouvernements membres. Elle a pour mission de promouvoir la langue française, la diversité culturelle et linguistique, ainsi que des valeurs telles que la paix, la démocratie et les droits de l’Homme, tout en soutenant l’éducation à travers ses programmes.
Le retrait du Niger et du Burkina Faso marque une nouvelle étape dans la réorientation de ces pays vers une politique de non-alignement vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale, la France, et démontre la montée de régimes militaires qui prônent une indépendance accrue sur la scène internationale.