Alors que le Soudan s’apprête à entrer dans la troisième année d’un conflit sanglant, la situation humanitaire continue de se dégrader dramatiquement. Ce dimanche, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont annoncé s’être emparés du camp de déplacés de Zamzam, dans le Darfour-Nord, à l’ouest du pays.
Zamzam est l’un des plus grands camps de déplacés du Soudan, hébergeant plus de 500 000 personnes selon l’ONU. Situé à la périphérie de la ville d’El-Facher, dernier bastion de l’armée soudanaise dans la région du Darfour, il est désormais au cœur des affrontements les plus violents entre forces gouvernementales et paramilitaires.
Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre meurtrière entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les FSR, dirigées par Mohamed Hamdane Daglo, son ancien bras droit. Ce conflit a déjà coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes et a provoqué le déplacement de plus de 12 millions d’habitants.
Le pays est aujourd’hui morcelé. L’armée tient encore le nord et l’est, tandis que les FSR dominent l’essentiel du Darfour, dans l’ouest, ainsi que plusieurs zones du sud.
Les combats se sont intensifiés ces derniers jours autour d’El-Facher, ville stratégique d’environ deux millions d’habitants. Depuis mai 2024, les FSR l’assiègent et ont lancé, vendredi dernier, des offensives terrestres et aériennes contre la ville ainsi que les camps voisins de Zamzam et Abou Chouk.
Selon les chiffres annoncés dimanche par Mini Minawi, gouverneur du Darfour et chef du mouvement Armée de Libération du Soudan (ALS-MM), allié de l’armée, 450 personnes auraient été tuées à El-Facher et ses environs depuis vendredi. L’ONU évoquait déjà samedi plus de 100 morts.
A l’est d’El-Facher, dans la ville d’Um Kadadah, récemment reprise par l’armée, les FSR sont accusées d’avoir tué au moins 56 civils en deux jours, dont le directeur de l’hôpital, selon des bénévoles humanitaires.
La communauté internationale reste largement impuissante. En janvier 2025, les États-Unis ont officiellement accusé les FSR de génocide au Darfour.