Afrique : Israël reconnaît le Somaliland

Israël a annoncé vendredi la reconnaissance officielle du Somaliland, marquant une première diplomatique pour cette république autoproclamée qui a fait sécession de la Somalie en 1991. Une décision aussitôt dénoncée par Mogadiscio et plusieurs organisations régionales, qui y voient une atteinte directe à la souveraineté somalienne.

La Somalie a condamné ce qu’elle qualifie d’« attaque délibérée » contre son intégrité territoriale, une position reprise par l’Union africaine (UA) et par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), qui regroupe plusieurs pays d’Afrique de l’Est. Le président de la Commission de l’UA, Mahmoud Ali Youssouf, a mis en garde contre les conséquences d’une telle reconnaissance, estimant que « toute tentative visant à saper l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Somalie (…) risque de créer un dangereux précédent » pour l’ensemble du continent africain.

Sur le terrain sécuritaire, la réaction ne s’est pas fait attendre. Les shebab, groupe islamiste armé affilié à Al-Qaïda et engagé depuis 2006 dans une insurrection contre le gouvernement somalien, ont affirmé samedi qu’ils « combattraient » toute tentative d’Israël d’« utiliser » le Somaliland. Leur porte-parole, Ali Dheere, a fait cette déclaration dans un communiqué diffusé par l’organisation terroriste. 

Selon plusieurs analystes, un rapprochement avec le Somaliland pourrait offrir à Israël un intérêt stratégique majeur, notamment en renforçant son accès à la mer Rouge, axe maritime crucial pour le commerce et la sécurité régionale.

Aux Etats-Unis, la question du Somaliland a également gagné en visibilité. Ces derniers mois, plusieurs sénateurs républicains ont appelé Washington à reconnaître cette entité. Le sénateur texan Ted Cruz avait notamment salué en août « un partenaire clef en matière de sécurité et de diplomatie », soulignant que le Somaliland avait cherché à renforcer ses liens avec Israël et exprimé son soutien aux accords d’Abraham.

De facto autonome depuis plus de trois décennies, le Somaliland dispose de ses propres institutions, d’une monnaie, ainsi que de forces armées et de sécurité. 

Dimanche, la reconnaissance israélienne a été célébrée par des rassemblements dans plusieurs villes du Somaliland. A Hargeisa, la capitale, des milliers de personnes se sont réunies dans le principal stade de la ville. Drapés de vert, de blanc et de rouge, les couleurs du drapeau national, les participants ont scandé des slogans tels que « Victoire pour le Somaliland ! ». Lors d’une cérémonie retransmise en direct par les chaînes de télévision locales, le drapeau du territoire a été hissé aux côtés de celui d’Israël.

La décision israélienne a également suscité des réactions au-delà de la Corne de l’Afrique. Dimanche soir, le chef des rebelles houthis au Yémen, Abdel Malek al-Houthi, a averti que toute présence israélienne au Somaliland serait considérée comme une « cible militaire », la qualifiant d’« agression contre la Somalie et le Yémen » et d’une menace pour la sécurité régionale.