C’est une situation politique chaotique que vit l’Algérie, où les députés de la majorité qui ont cadenassé le siège de l’Assemblée nationale, ont proclamé la « vacance » de la présidence du parlement, alors que le président de l’Assemblée, Saïd Bouhadja, se cramponne à son poste et affirme qu’il ne peut être destitué que par le président Bouteflika, lui-même malade et incapable de parler.
Les accusations de mauvaise gestion et de dépenses excessives portées contre Saïd Bouhadja, paraissent être davantage des prétextes qui cachent mal une exacerbation des tensions entre les divers clans à six mois de l’élection présidentielle d’avril 2019.
Une élection qui suscite une grande inquiétude en Algérie, surtout que le président Abdelaziz Bouteflika à qui son entourage prête l’intention de vouloir briguer un nouveau mandat, est à 81 ans, paralysé depuis 2013 suite à un AVC qui le maintient dans un fauteuil roulant.
Cette cabale politique contre Saïd Bouhadja, qualifiée par les médias algériens de « coup de force » des partis de la majorité contre le président du Parlement qu’ils ont eux-même élu, fait les choux gras de l’opposition.
Pour le chef du groupe parlementaire du parti RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), Athmane Mazouz, il s’agit d’un « véritable putsch guidé par des clans habitués aux coups d’Etat ».
Même inquiétude au sein de la société civile, qui impute la situation actuelle à la main-mise des généraux qui tirent les ficelles du jeu politique.
Omar Benderra, ancien président de banque publique et membre d’Algeria-Watch, l’association de défense des droits de l’Homme, affirme que l’économie algérienne est dirigée par une nomenklatura militaire « qui contrôle à la fois les flux de devises et de marchandises ».
Le défenseur des droits humains explique que la corruption en Algérie « est institutionnelle et systémique » et « fait partie intégrante du mode de fonctionnement du système algérien ».