Un nouveau carnage dans des villages dogons a fait au moins 38 morts et de nombreux blessés lors d’un conflit interethnique au centre du Mali.
Par ailleurs, l’armée a subi des pertes humaines et matérielles dans une embuscade plus au nord.
Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense ».
Les violences, qui déchirent cette région depuis quatre ans, ont culminé avec le massacre le 23 mars, attribué à des chasseurs dogons, de quelque 160 Peuls dans le village d’Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso.
Les villages dogons de Gangafani et de Yoro, près de la frontière burkinabè, ont été frappés lundi par des attaques, dont le « bilan provisoire officiel est de 38 morts et de nombreux blessés », a indiqué dans la soirée le gouvernement.
Selon Adama Dionko, porte-parole du Collectif des associations du pays dogon, « c’était la même chose qu’à Sobane Da: des personnes, des biens et des animaux ciblés ». « Ce sont des terroristes, des criminels. Nous demandons à l’Etat plus de sécurité. Au président IBK (Ibrahim Boubacar Keïta, NDLR) de respecter sa parole », a-t-il déclaré à l’AFP.
Lors d’un déplacement à Sobane Da le 13 juin, le président malien a promis la confiscation des armes illicites dans la région, mettant en garde les jeunes contre la tentation de « s’enrôler dans une quelconque milice ».
« Il n’y a aucun conflit interethnique » dans le centre du Mali, a-t-il assuré, évoquant « une excroissance de ce que nous avons vécu dans le Nord, et de ce que nous vivons encore dans le Nord ».
Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit.
Une patrouille des Forces armées maliennes (FAMa) est « tombée dans une embuscade des terroristes à Banguimalam, au sud-ouest de Gossi (nord) » mardi, a indiqué dans son communiqué le gouvernement, en précisant que des « renforts ont été dépêchés pour secourir les éléments victimes d’attaque terroriste et sécuriser la zone ».
« Au cours de cet accrochage, les FAMa ont enregistré des pertes humaines et matérielles », a confirmé l’armée malienne sur Twitter, sans plus de détails.
Depuis 2015, les violences se sont propagées du Nord vers le centre, voire parfois le Sud, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires, un phénomène que connaissent également le Burkina Faso et le Niger voisins.