Abdelmajid Tebboune s’est déclaré confiné grâce à la covid-19 pour ne pas trop s’impliquer dans la campagne du référendum sur la révision de la Constitution prévue le 1er novembre, alors que l’angoisse du régime s’accroît au rythme des protestations populaires et des appels au boycott du référendum.
Le président algérien aurait ainsi dévié de la conduite tracée par la junte militaire algérienne, elle même tourmentée par le risque d’une faible participation au vote de dimanche. Il était contre les déclarations de son ministre de la Jeunesse et des Sports Sid Ali Khaldi, un membre de la famille d’un général. Le ministre avait conseillé aux algériens qui n’étaient pas content de « changer de pays ».
Afin d’éviter cette polémique, Tebboune, en fin tacticien, et pour ne pas faire surgir le dossier de son fils impliqué dans les affaires de corruption et de drogues, a préféré se camoufler dans le confinement volontaire de 5 jours, car son staff aurait été testé positif.
Cet auto-confinement ne cache pas la mascarade de la nouvelle Constitution, qui allège la dimension présidentielle du régime en prévoyant que le gouvernement puisse être responsable devant le Parlement.
Surtout, elle autorise explicitement l’armée à intervenir à l’extérieur sous couvert de prendre part à des opérations de maintien de la paix à l’étranger.
Ce référendum sur la révision de la Constitution, organisé au milieu d’une répression féroce contre les opposants à la consultation, est un leurre pour la société civile et l’opinion internationale. La future constitution sera celle du pouvoir militaire avec plus d’emprise sur le peuple algérien.
Le comble de l’intrusion des militaires dans la chose politique est que le général Said Chengriha, chef d’état-major de l’Armée, avait prononcé un discours sur les défis et les enjeux de la situation régionale et internationale, dans sa dimension sécuritaire et militaire. Pis encore, ses lieutenants reçoivent et accueillent les diplomates étrangers.
Contrairement à ce qui a été annoncé par la Haute instance de surveillance des élections, le Mouvement pour la société de la paix (le plus grand parti islamique) a accusé les autorités de «refuser l’autorisation d’organiser des rassemblements pour recueillir des soutiens pour rejeter le projet».
Les appels au boycott se sont aussi multipliés du côté du Hirak (le mouvement de contestation populaire), dont les militants sont poursuivis et condamnés pour des motifs religieux ou banditisme.
Aujourd’hui, le Hirak se rend compte qu’il a seulement réussi à changer l’ancienne classe dirigeante qui avait commencé à surpasser son mentor l’armée, par une autre pire que la précédente.
Par ailleurs, l’économie algérienne souffre depuis des années de la conjoncture internationale et de la mauvaise gestion de son levier pétro-gazier Sonatrach. Une firme qui est toujours à la solde des dirigeants militaires et leurs acolytes, avides de pouvoir et de l’argent et narguant le vide institutionnel et le bien être de la population.