La fameuse décision de la Libye d’expulser tous les immigrés clandestins vient de mettre au devant de la scène médiatique les défis de l’immigration clandestine ainsi que les différentes approches et réactions pour la lutte contre ce fléau. En effet, les autorités de Tripoli ont décidé de lancer immédiatement des opérations de rassemblement et d’expulsion de tous les immigrants illégaux, estimés à environ deux millions, originaires pour la plupart de pays de l’Afrique sub-saharienne.
A la lumière de ce qui se passe dans la région d’Afrique du Nord, on se rend compte que l’immigration vers le nord prend des ampleurs très alarmantes. La ruée vers l’eldorado passe fatalement par des pays de transit qui se trouvent confrontés à un phénomène inquiétant et menaçant.
Le premier danger de ce phénomène est d’ordre sécuritaire. Les risques de récupération, d’instrumentalisation, d’endoctrinement pour des desseins terroristes ne sont pas à exclure. D’autant plus que des infiltrations des terroristes parmi les immigrés clandestins compliquent la tâche aux sécuritaires et augmentent sensiblement la vulnérabilité des pays de transit et de destination.
Le deuxième danger est celui du trafic des stupéfiants. En effet, plusieurs immigrés clandestins apportent avec eux des quantités non négligeables de cocaïne pour financer leur périple et monnayer leur passage contre des stupéfiants. De ce fait, le basculement vers des activités illégales menaçant la sécurité des pays s’avère très probable dans un contexte marqué par le banditisme du désert et la récupération des mercenaires et des groupuscules mafieux.
Le troisième danger n’est autre que le risque des épidémies, des maladies que transportent les immigrés clandestins, vers les pays du Nord. Cet état de fait ne manquerait pas de créer des drames humanitaires d’extrême gravité.
Si les pays de l’UE se sont mis d’accord pour la création de «l’Agence européenne de gestion et de contrôle des frontières», il n’en demeure pas moins que cette action reste de portée limitée puisqu’elle est axée beaucoup plus sur des éléments d’ordre sécuritaire.
Certes, les pays de l’Afrique du Nord jouent le rôle de gendarme et de bouclier pour l’Europe, et par conséquent ont amorti et amortissent encore, et à des degrés différents bien entendu, le choc du « tsunami africain », cependant leurs efforts ont un coût financier très lourd qui ne cesse d’augmenter. D’autant plus, il est difficile de contrôler les frontières immenses avec les pays du Sahel, comme le Mali, le Niger et la Mauritanie, et de faire face à des flux très massifs. Les drames humains qui en découlent interpellent la communauté internationale, notamment l’UE, pour trouver des solutions radicales à même d’éradiquer ce fléau ou tout au moins l’atténuer.
Fermer hermétiquement les frontières et se barricader, prendre des mesures draconiennes et répressives, rapatrier, légiférer, etc., autant de mesures qui s’inscrivent dans le registre des solutions classiques dénuées du sens humain.
L’immigration reste surtout et avant tout un problème foncièrement humain. Le drame humain qui frappe des franges entières de populations africaines est bel et bien la source principale du problème migratoire qui va en s’aggravant d’année en année.
A cet effet, la communauté internationale est appelée à apporter une aide substantielle s’inscrivant dans la durée aux pays du Sahel et Sub-Sahel dont le contexte politique et la situation socio-économique sont chaotiques et par conséquent ne manqueront certainement pas de « produire des masses prêtes à tout faire pour fuir l’enfer africain vers l’eldorado européen ». Elle est également appelée à épauler les pays de l’Afrique du Nord qui font face quotidiennement, et autant que faire se peut, aux effets de l’immigration clandestine porteuse de tous les dangers.