Alors que le gouvernement Malien a demandé officiellement l’intervention militaire de la CEDEAO pour l’aider à libérer le nord du pays tombé entre les mains de groupes jihadistes liés à AQMI, la communauté internationale continue de s’interroger sur les causes qui ont conduit le Mali et la région du Sahel à une telle situation.
Mauritanie perspectives, un groupe de réflexion situé à Nouakchott, a organisé la semaine dernière un séminaire pour discuter des impacts de la crise au Mali sur la sécurité dans la zone du Sahel dans son ensemble. Des experts africains et européens des questions de l’anti-terrorisme, de la sécurité et de l’Islam radical réunis à cette occasion, ont eu l’opportunité d’échanger leurs expériences.
L’examen du problème est inévitablement passé par une analyse des causes et l’évocation des perspectives de solutions. Pour les causes, Ferdaous Bouhel, une spécialiste qui a étudié pendant trois ans le statut de l’Islam parmi les populations du Nord du Mali, affirme que le basculement dans l’extrémisme religieux dans la région est dû principalement à l’inaction du gouvernement. Absent du terrain lors des dernières années de son mandat, le gouvernement de l’ancien président Amadou Toumani Touré n’a pas réussi à concrétiser les projets de développement qui ont pâti de la corruption et de l’injustice. De plus, la création par l’Etat de milices pro-gouvernementales, pas toujours acceptées par les tribus locales, n’a fait qu’augmenter le rejet du gouvernement central par les populations locales. Désœuvrée, la population s’est alors tournée vers toutes sortes de trafics pour une partie d’entre elle, l’autre partie devenant une cible de choix pour les idéologues extrémistes locaux et étrangers. La porosité des frontières désertiques aidant, le nord du pays est devenu progressivement le repaire des réseaux en tous genres. Trafiquants d’armes et de drogue, passeurs de clandestins, groupes islamistes et rebelles armés qui écument la région, ont rapidement noué des alliances leur permettant de mutualiser leurs services.
La solution, pour Jérôme Pigné, doctorant sur le terrorisme au Sahel, passe par une coopération accrue entre les Etats. Ceux de la région du Sahel bien étendu, mais également d’autres pays partenaires comme ceux de l’Union Européenne, déjà active dans la région dans les domaines de la sécurité et du développement. Il a également souhaité une participation plus active des Etats-Unis, interlocuteurs incontournables en matière de lutte contre le terrorisme et qui regardent avec de plus en plus d’inquiétude l’évolution de la situation dans la région.