Le Niger, au sein du Sahel, se retrouve aujourd’hui au centre d’un conflit diplomatique majeur avec la France, son ancienne puissance coloniale.
Les tensions entre les deux pays soulèvent des inquiétudes quant au risque d’embrasement dans cette région déjà instable, où la sécurité est mise à rude épreuve par la menace terroriste et les conflits ethniques.
Le point de départ de ce bras de fer diplomatique remonte à la fin du mois de juillet, lorsque le président nigérien Mohamed Bazoum a été renversé lors d’un coup d’État. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la France ont immédiatement condamné cette prise de pouvoir militaire, exigeant le retour de Bazoum à la présidence. La CEDEAO a imposé des sanctions économiques au Niger et a menacé d’intervenir militairement pour restaurer le gouvernement déchu.
Le cœur des préoccupations de la France réside dans la lutte antijihadiste dans la région sahélienne. Les forces françaises, déployées dans le cadre de l’opération Barkhane, ont joué un rôle clé dans la lutte contre les groupes jihadistes opérant au Sahel.
Toutefois, le renversement du président Bazoum et la montée des tensions franco-nigériennes ont mis en danger la présence française au Niger et en Afrique.
Le gouvernement militaire nigérien a rapidement pris des mesures radicales, en demandant l’expulsion de l’ambassadeur français Sylvain Itté. Paris a catégoriquement rejeté ce refoulement, soutenant que le gouvernement militaire n’avait aucune légitimité pour prendre de telles décisions. Cette impasse a créé un climat dangereux de confrontation frontale.
Le Front patriotique pour la souveraineté du Niger (FPSN), une organisation née après le coup d’État, s’est montrée hostile à la présence militaire française au Niger et a qualifié l’ambassadeur Itté de « citoyen français en situation irrégulière ». Ces développements ont intensifié la tension entre les deux nations.
Selon un courrier du ministère des Affaires étrangères nigérien adressé à Paris et daté de mardi, les services de police ont reçu des « instructions en vue de l’expulsion » de l’ambassadeur français Sylvain Itté. La lettre précise également que les autorités ont révoqué son immunité et son visa diplomatique, de même que ceux de sa famille.
La France a clairement indiqué sa détermination à protéger ses intérêts au Niger, y compris les emprises militaires et diplomatiques françaises. Les forces militaires françaises ont été mises en alerte pour faire face à toute escalade des tensions qui menacerait ces installations.
La question du départ des 1 500 soldats français basés à Niamey, qui soutiennent le Niger dans sa lutte antijihadiste, est également en suspens.
Le porte-parole de l’état-major français, le colonel Pierre Gaudillière, a mis en garde, jeudi, en déclarant que « les forces militaires françaises sont prêtes à répondre à tout regain de tension qui porterait atteinte aux installations militaires et diplomatiques françaises au Niger » et a annoncé que « des mesures ont été prises pour protéger ces installations ».
Par ailleurs, le ministre nigérien de l’Intérieur et de la Sécurité publique, le général Mouhamed Toumba, a informé les organisations internationales, les organisations non-gouvernementales nationales et internationales, ainsi que les agences onusiennes présentes au Niger, que « toutes les activités et mouvements dans les zones d’opérations sont momentanément suspendus », selon un communiqué diffusé jeudi soir par la télévision nationale nigérienne. Le communiqué explique que cela est dû à « la situation sécuritaire actuelle et à l’engagement opérationnel des Forces armées nigériennes (FAN) ».
Le Niger se trouve confronté à des menaces terroristes dans certaines de ses régions frontalières, en particulier de la part de groupes affiliés à Al-Qaïda, Ansar Dine, et Boko Haram, créant ainsi une situation sécuritaire d’une gravité extrême.
Le conflit actuel souligne les complexités de la situation au Sahel, où les enjeux sécuritaires, politiques et économiques sont étroitement liés. L’avenir de cette région dépend de la résolution pacifique de ces tensions et de la coopération entre les acteurs nationaux et internationaux pour éviter un embrasement de la région et garantir une transition politique pacifique au Niger.