Lors d’une rencontre organisée par le Club suisse de la presse à Genève, l’homme d’affaires algérien Yousef Baadja a livré un récit inquiétant sur les pratiques « mafieuses » du pouvoir algérien. Il a raconté comment il a été confronté à des actes d’extorsion, d’enlèvement, de détention illégale, et même à une tentative d’empoisonnement.
Ces pressions et harcèlements ont débuté vers 2013, alors qu’il exerçait depuis quatre ans, des activités d’exportation de Suisse vers l’Algérie.
Baadja a expliqué que tout avait commencé par le blocage de ses marchandises par les douanes algériennes, qui exigeaient d’énormes pots-de-vin pour les libérer. Refusant de se compromettre dans des affaires louches, il a été victime de nombreux actes de harcèlement et de menaces.
Il a ensuite détaillé comment il a été enlevé par des agents de sécurité, détenu illégalement dans une caserne militaire, et même comment il a tenté de porter plainte contre les services de renseignement du général Saïd Chengriha, sans succès.
Sa situation s’est aggravée avec une tentative d’empoisonnement dans un café, le poussant à envisager de quitter le pays pour sauver sa vie.
Baadja a souligné que l’Algérie était en train de sombrer dans un système corrompu, où les généraux et les agents de renseignement exercent un contrôle mafieux. Incapable de retourner dans son pays en raison des menaces qui pèsent sur lui, il est également restreint dans ses activités commerciales en dehors de l’Europe, ayant même été visé par une tentative d’enlèvement à Benghazi.
Son avocat, Me François Membrez, a dénoncé une grave violation des droits de l’Homme et plaidé en faveur d’une intervention des mécanismes de l’ONU. Il a expliqué que son client avait simplement refusé de se plier à la corruption et aux pots-de-vin, ce qui lui a valu ces sévères représailles.
L’avocat a affirmé que Yousef Baadja avait été enlevé et interrogé pendant 8 heures dans une caserne militaire dans le but de la forcer à se joindre au système de corruption. Il a souligné qu’il avait adressé des courriers au Haut Commissaire aux droits de l’homme et au Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées, soulignant l’importance de résoudre les nombreux cas de disparitions forcées en suspens en Algérie.
Selon les rapports d’Amnesty International et de plusieurs organisations non gouvernementales, les autorités algériennes intensifient leur répression contre toute forme de dissidence, visant les manifestants, les journalistes indépendants et les voix exprimées sur les réseaux sociaux. Leurs méthodes comprennent des arrestations arbitraires, l’imposition d’amendes lourdes, des pressions sur les familles des dissidents, des enlèvements, des expulsions forcées, ainsi que des violations des droits fondamentaux comme la détention prolongée, de lourdes peines de prison et même des actes de torture psychique et physique.