La Cour pénale internationale (CPI) rendra ce mercredi sa décision sur la peine à infliger à Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, un ancien chef de la police islamique de Tombouctou, au Mali, reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Âgé de 47 ans, le Malien, surnommé Al Hassan, risque la prison à vie, notamment pour des actes de torture, de mutilation, des procès illégaux et des persécutions religieuses.
Lors de son jugement en juin, le président de la Cour, Antoine Kesia-Mbe Mindua, avait souligné qu’Al Hassan avait joué un rôle central dans la supervision de sévices tels que des flagellations et une amputation, en sa qualité de chef de la police islamique à Tombouctou, une ville du nord du Mali.
Membre du groupe jihadiste Ansar Dine, qui avait pris le contrôle de Tombouctou pendant près d’un an à partir d’avril 2012, Al Hassan était impliqué dans des atrocités commises pendant cette période. Des femmes avaient été arrêtées et violées en détention, tandis que des flagellations publiques, y compris devant des enfants, étaient réalisées. En septembre 2012, un homme accusé de vol avait eu la main tranchée en public à la machette.
Cependant, la CPI a acquitté Al Hassan des accusations de viol, d’esclavage sexuel et d’attaques contre des biens protégés, ainsi que du crime contre l’humanité lié au mariage forcé. Bien que la Cour ait conclu que des crimes de violence sexuelle avaient bien eu lieu durant cette période, elle n’a pas retenu la responsabilité d’Al Hassan pour ces actes.
Sous le régime jihadiste, Tombouctou a été le théâtre de destructions massives en 2012 et 2013. La ville, fondée entre le Ve et le XIIe siècle par les tribus touareg et surnommée « la ville des 333 saints », a vu ses célèbres mausolées de saints musulmans détruits par les islamistes à coups de pioche et de pelle.
Tombouctou avait été occupée par les jihadistes d’Ansar Dine et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) depuis avril 2012 jusqu’à sa libération par les forces françaises et maliennes en janvier 2013.
Al Hassan avait été arrêté par les autorités maliennes en 2018 et transféré à la CPI. Il est le deuxième jihadiste malien jugé par la Cour. En 2016, la CPI avait condamné Ahmad Al Faqi Al Mahdi à neuf ans de prison (réduits de deux ans en appel en 2021) pour la destruction des mausolées de Tombouctou, inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.
La CPI a également publié en juin un mandat d’arrêt à l’encontre d’Iyad Ag Ghaly, un autre chef jihadiste malien, pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis à Tombouctou. Iyad Ag Ghaly, qui dirige le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al-Qaïda, est l’un des principaux responsables des violences dans la région du Sahel, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger.