En 2024, au moins 31 404 migrants ont été expulsés d’Algérie vers le Niger, un chiffre sans précédent, selon l’ONG nigérienne Alarme Phone Sahara (APS), qui dénonce des « traitements violents » voire « mortels » à leur encontre. Depuis 2014, des migrants irréguliers en provenance du Niger et d’autres pays africains, y compris des femmes et des mineurs, sont régulièrement refoulés d’Algérie, un point de transit vers l’Europe.
Dans un communiqué, Alarme Phone Sahara précise que « 31 404 personnes ont été expulsées d’Algérie à la frontière du Niger en 2024 », soulignant que ce nombre dépasse largement ceux des années précédentes, notamment celui de 2023, où 26 031 expulsions avaient été enregistrées. Un rapport antérieur d’APS indiquait que l’Algérie avait expulsé environ 20 000 migrants entre janvier et août 2024.
L’ONG critique fréquemment les expulsions qui se déroulent « dans des conditions brutales » et entraînent parfois des conséquences fatales. En septembre, Moctar Dan Yaye, responsable de la communication d’APS, avait expliqué à l’AFP que les migrants étaient « arrêtés lors de rafles en ville, à leur domicile, sur leur lieu de travail ou à la frontière tunisienne », puis rassemblés à Tamanrasset (sud de l’Algérie) avant d’être transportés par camions vers le Niger.
Par ailleurs, le 1er janvier, 770 migrants nigériens expulsés de Libye sont « retournés sur leur territoire national », selon l’armée du Niger. Cette opération, menée par Tripoli, a été « accompagnée d’une escorte militaire jusqu’à Dirkou », côté nigérien, et leur accueil a été « coordonné » par les forces de sécurité et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
En avril, les autorités nigériennes ont convoqué l’ambassadeur d’Algérie pour protester contre la violence de ces expulsions. En réponse, Alger a convoqué l’ambassadeur du Niger, rejetant les accusations comme étant « sans fondement ».
En novembre 2023, après un coup d’État militaire, le nouveau régime nigérien a abrogé une loi de 2015 criminalisant le trafic de migrants. Depuis cette décision, de nombreuses personnes migrent librement sans craindre les sanctions qu’elles risquaient auparavant, a ajouté Alarme Phone Sahara.