Tunisie : Fermeture discrète de l’Instance d’accès à l’information inquiète

En Tunisie, l’Instance nationale d’accès à l’information a discrètement cessé ses activités, sans déclaration officielle ni communiqué. Une disparition passée sous silence, mais perçue comme un nouveau recul démocratique.

Créée en 2017, cette instance permettait aux citoyens et aux journalistes de demander l’accès à des données publiques, souvent difficiles à obtenir via les canaux classiques. Elle représentait un outil clé de transparence, dans un pays où l’opacité administrative reste courante.

Sa fermeture, dénoncée par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), s’inscrit dans un processus plus large de démantèlement des institutions post-révolutionnaires. Le syndicat y voit « une atteinte directe au droit constitutionnel d’accès à l’information », pourtant garanti par la Constitution adoptée en 2022.

Composée de neuf membres issus de la société civile, du journalisme, de la magistrature ou encore de la statistique, l’Instance avait vu son mandat expirer sans renouvellement depuis 2023. Elle était dirigée par intérim depuis un an, signe du désintérêt progressif des autorités.

L’ONG I-Watch, active dans la lutte contre la corruption, a réagi en dénonçant « la démolition du dernier bastion de la transparence en Tunisie ».

Pour elle comme pour de nombreux observateurs, cette fermeture symbolise encore un net durcissement du régime despotique du président Kaïs Saïed ainsi qu’un tournant inquiétant dans la gestion de l’information publique.