Algérie : Tebboune empêché de limoger le général Saïd Chengriha

Le retour du président Abdelmadjid Tebboune, encore convalescent après de nouveaux ennuis de santé, est loin d’être une simple affaire médicale.

Selon plusieurs sources proches des cercles sécuritaires, ce dossier est aujourd’hui sous le contrôle direct du chef d’état-major de l’ANP, le général Saïd Chengriha, et de ses services de renseignement militaire.

Tebboune aurait envisagé, dès la fin de 2024, d’écarter le général Chengriha pour placer à la tête de l’armée un profil plus jeune et jugé loyal : le général Mohamed Kaidi.

Ce dernier, réputé proche de certains cercles civils et occidentaux, présenterait une figure intègre de l’institution militaire.

Depuis son hospitalisation en Europe, Tebboune se trouve dans une situation de dépendance politique inédite.

Officiellement, la présidence communique sur une reprise progressive de ses activités, mais les images soigneusement mises en scène masquent mal l’emprise de l’état-major sur son calendrier et sur ses apparitions publiques.

« C’est le Département de la sécurité et de la documentation qui gère les informations sur le président », explique une source sécuritaire.

Derrière cette mise sous tutelle se cache une lutte de pouvoir ouverte.

Cependant, le projet de remaniement n’a jamais dépassé le stade des intentions.

Les services de Chengriha, informés de ces velléités, auraient resserré l’étau autour du président et verrouillé son entourage immédiat.

« Tebboune a perdu toute marge de manœuvre. Chaque déplacement, chaque décision stratégique passe désormais par l’état-major », confie un officier algérien dans la recherche sécuritaire.

Cette confrontation silencieuse illustre une réalité bien connue des observateurs : la primauté du pouvoir militaire en Algérie.

La présidence, surtout en période de fragilité physique, ne peut exister qu’avec le feu vert de l’armée. Or, pour l’heure, Chengriha conserve une main de fer sur le commandement et sur les services de renseignement, ce qui lui permet de neutraliser toute tentative de rééquilibrage institutionnel.

La question reste ouverte : Tebboune parviendra-t-il à reprendre l’initiative et à imposer Kaidi comme successeur de Chengriha ? Ou bien assistera-t-on à une continuité du statu quo, avec un président affaibli servant de façade civile à un régime piloté depuis l’état-major ?

Ce bras de fer, invisible au grand public, pourrait déterminer l’avenir immédiat du pouvoir algérien, entre immobilisme autoritaire et recomposition forcée.