Algérie : La liberté face aux chars, Ferhat Mehenni, l’homme de la Kabylie qui défie le régime militaire algérien

Il faut du courage pour affronter un Etat qui ne tolère ni opposition, ni différence, ni identité autre que celle qu’il impose. Ferhat Mehenni en a fait une arme politique. Depuis son exil en France, le président du Gouvernement provisoire kabyle (GPK) et d’autres organisations politiques kabyles, porte la voix d’un peuple que le régime algérien voudrait faire taire depuis plus d’un demi-siècle.

Face à une revendication pacifique, le régime algérien du général Saïd Chengriha et du président Abdelmadjid Tebboune, a choisi la terreur.

Selon Ferhat Mehenni, la Kabylie, c’est la mémoire interdite de l’Algérie. C’est le territoire des montagnes et de la fierté qui a osé dire non à la dictature militaire quand tout un pays s’enfonçait dans la peur. Et c’est aujourd’hui le cœur d’un combat pour l’autodétermination dans les couloirs du palais d’El Mouradia à Alger.

Le MAK, un mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, est classé « organisation terroriste ». Des centaines de militants sont arrêtés, torturés, réduits au silence. Le pouvoir veut étouffer la question kabyle, comme il a étouffé le Hirak, la presse libre, et toute voix dissidente.

Mais plus le régime réprime, plus il révèle sa peur. Ce que redoute Alger, ce n’est pas une guerre, mais une idée : celle d’un peuple qui ose exiger d’exister en dehors de sa tutelle.

Pendant que les généraux verrouillent le pays, Ferhat Mehenni mène sa bataille sur un autre terrain : la diplomatie. Il multiplie les démarches auprès des institutions européennes, des Nations unies, des ONG et des gouvernements démocratiques. Ferhat documente les violations des droits humains, alerte sur la répression et plaide pour un référendum d’autodétermination encadré par la communauté internationale.

Actuellement, la cause kabyle se fait entendre. A Bruxelles, à Washington, à Genève, elle n’est plus un tabou. Elle devient un dossier.

La Kabylie ne réclame pas la guerre. Elle réclame la dignité, le droit fondamental qu’aucune dictature ne peut abolir : celui d’un peuple à décider de son avenir. L’ONU a reconnu ce droit pour les peuples colonisés ; elle devra bien l’appliquer à ceux qui sont colonisés par leurs propres Etats.

Ferhat Mehenni en est convaincu : la liberté kabyle n’est pas une utopie, c’est une échéance. L’histoire est lente, mais elle finit toujours par rattraper ceux qui croient pouvoir la museler.

L’Algérie officielle vit dans le passé. La Kabylie, elle, avance vers l’avenir, ce qui est redouté, finit par devenir inévitable, selon les sociologues.