Algérie : Une zone de repli des organisations terroristes avec l’Iran

Depuis plusieurs mois, des signaux convergents laissent entrevoir un rapprochement stratégique entre le régime militaire algérien et la République islamique d’Iran.

Sous couvert de coopération énergétique et de coordination diplomatique sur la scène internationale, cette alliance viserait, selon plusieurs sources sécuritaires occidentales, à structurer un axe politique et idéologique commun autour d’une hostilité affichée envers Israël et d’un soutien à des groupes islamistes armés opérant au Moyen-Orient et en Afrique.

Depuis l’offensive du Hamas contre Israël en octobre 2023, les deux régimes algérien et iranien, antisémites, multiplient les gestes de solidarité et les déclarations hostiles à l’Etat hébreu.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, dans un discours prononcé à l’ONU en 2024, avait notamment qualifié les opérations israéliennes à Gaza de « génocide », une position saluée par les autorités iraniennes.

« L’Algérie cherche à consolider son image de puissance en Afrique du Nord, mais en réalité elle s’aligne de plus en plus sur la vision iranienne d’un front de résistance global contre l’Occident », estime un diplomate européen basé à Alger.

Selon un rapport confidentiel d’un Centre de stratégie et d’analyse du renseignement, des conseillers militaires iraniens auraient été reçus à Alger à la fin de 2024 pour discuter de coopérations sécuritaires régionales.

En Afrique, les réseaux jihadistes et les groupes armées, bénéficieraient des autorités algériennes de zones de repli dans le Sud de l’Algérie.

« Ces groupes représentent une carte de pression pour Alger, qui cherche à maintenir une instabilité contrôlée dans le Sahel afin de rester un acteur incontournable de la sécurité régionale », selon un officier du renseignement militaire.

Au Moyen-Orient, Téhéran poursuit son financement du Hezbollah au Liban et du Hamas à Gaza. Les services de renseignement occidentaux soupçonnent que certaines facilités logistiques algériennes, notamment des canaux financiers via des sociétés-écrans basées à Oran, servaient à acheminer discrètement des fonds financiers.

Sur le plan militaire, les relations entre Alger et Téhéran se sont intensifiées à la suite de la visite du ministre iranien de la Défense à Alger. Officiellement centrées sur la « formation et la cyberdéfense », ces discussions auraient inclus, selon une source sécuritaire algérienne, des volets plus sensibles : partage de renseignements sur les mouvements islamistes et coordination discrète de certaines opérations clandestines en Afrique.

Des agents des Gardiens de la Révolution des mollahs auraient ainsi transité par des bases sahariennes algériennes, notamment dans la région de Tamanrasset.

Pour les observateurs régionaux, ce rapprochement s’inscrit dans un mouvement plus large de contestation de l’ordre géopolitique établi.

« L’Algérie et l’Iran partagent la même logique : celle d’un monde post-occidental où les régimes autoritaires s’épaulent mutuellement contre les démocraties libérales et leurs alliés », estime un chercheur au Middle East Policy Forum à Genève.

Les deux pays voient également dans leurs relations un moyen de contourner l’isolement diplomatique et économique : l’un face aux sanctions internationales liées à son programme nucléaire, l’autre face aux critiques récurrentes sur la répression politique et la gestion de l’Algérie.

Le soutien algérien matériel au Hamas ou au Hezbollah n’a pas été rendue public. Mais les recoupements d’informations issus des milieux du renseignement tendent à confirmer l’existence d’un « axe informel » Téhéran–Alger, fondé sur une hostilité commune à Israël et sur la manipulation pour asseoir leur légitimé interne et une influence régionale.