Tunisie : Sous Kaïs Saïed, l’opposition condamnée pour « complot » dans un procès qualifié de « terrorisme d’Etat »

Une cour d’appel en Tunisie a prononcé, vendredi, des peines de prison allant de 5 à 45 ans à l’encontre d’une quarantaine de prévenus accusés de complot contre l’Etat. Parmi les condamnés figurent des figures de l’opposition, telles que l’homme d’affaires Kamel Letaief, le chef de la principale coalition d’opposition Jawhar Ben Mbarek, ainsi que les dirigeants politiques Issam Chebbi, Ghazi Chaouachi et Khayam Turki.

Les accusés, détenus depuis le printemps 2023, sont poursuivis pour « complot contre la sûreté de l’État » et « adhésion à un groupe terroriste ». Certains sont également accusés de contacts avec des diplomates étrangers. Le président Kais Saied a qualifié les prévenus de « terroristes ». Selon des sources judiciaires, les peines varient : de 10 à 45 ans de prison pour les détenus, et de 5 à 35 ans pour ceux en liberté provisoire. Deux personnes ont été acquittées.

Le procès a suscité de vives réactions, notamment de la part d’ONG comme Human Rights Watch, qui dénoncent des accusations « infondées » et une « répression » politique. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a exprimé ses inquiétudes sur les motivations politiques de ce procès.

Certaines condamnations ont été réduites en appel. Par exemple, M. Turki a vu sa peine ramenée à 35 ans de prison (contre 48 ans en première instance), et plusieurs autres accusés ont eu des peines atténuées. Cependant, plusieurs prévenus, dont Jawhar Ben Mbarek, sont toujours en grève de la faim, dénonçant une détention « arbitraire » et l’absence de procès équitable.

Cette affaire s’inscrit dans un climat tendu en Tunisie depuis le coup de force de Kais Saied en 2021, qui a renforcé ses pouvoirs et conduit à des arrestations d’opposants, de journalistes et de militants. Human Rights Watch et d’autres organisations appellent à l’annulation des peines et à la fin de la répression des voix dissidentes.