Selon plusieurs diplomates européens, non sans une pointe d’ironie, la libération du journaliste français Christophe Gleizes, pourrait passer par l’entremise d’un pays membre de l’Union européenne choisi par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, à l’image de celle de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, obtenue mi-novembre sous pression diplomatique de l’Allemagne.
Les proches de Christophe Gleizes ont fait part de leur espoir de voir le président algérien accorder une grâce, au lendemain de la confirmation en appel de sa condamnation à sept ans de prison. La France a, de son côté, assuré qu’elle continuerait à « agir » pour obtenir sa libération dans les plus brefs délais.
L’avocat du journaliste, Me Emmanuel Daoud, dénonce un « dossier vide » et des accusations « obscènes et ridicules ». « Nous n’abandonnerons pas. Nous allons continuer le combat. C’est d’ailleurs l’état d’esprit de Christophe, que j’ai vu ce matin en prison », a-t-il déclaré, qualifiant le verdict de « farce judiciaire ».
L’Elysée a exprimé la « profonde inquiétude » d’Emmanuel Macron et rappelé que « la grâce présidentielle serait aujourd’hui la voie la plus rapide vers sa libération ».
Christophe Gleizes, arrêté le 28 mai 2024 et placé sous contrôle judiciaire, avait été condamné en juin en première instance pour apologie du terrorisme, sans fondement, avant d’être incarcéré.
Dans le système politique algérien, le rapport de force entre le président Abdelmadjid Tebboune et le chef d’état-major Saïd Chengriha reste délicat. Le chef de l’Etat détient en théorie l’autorité suprême, mais chacun sait que l’appareil militaire occupe une place centrale dans l’équilibre du pouvoir.
Face à Chengriha, Tebboune ne peut agir frontalement. Il n’a que deux leviers : la diplomatie et l’opinion publique internationale. En s’appuyant sur des partenaires européens, il peut tenter de reprendre l’initiative, contourner l’influence militaire et imposer ses choix sur des dossiers sensibles, comme celui du journaliste Christophe Gleizes.
Ce type de stratégie permet à Tebboune d’affirmer son autorité sans provoquer un choc direct avec l’institution militaire. C’est une manière de rappeler que, malgré les rapports de force internes, la présidence conserve encore des outils pour peser, manœuvrer, et parfois surprendre même les cercles les plus influents de l’armée.
