Niamey, la capitale nigérienne a été le théâtre ce weekend d’une importante manifestation de la population contre le régime. Les manifestants reprochent à ce dernier de mal gérer le pays et d’étouffer les libertés.
La manifestation a été organisée par 38 associations locales. Des milliers de personnes, majoritairement des jeunes, ont répondu samedi à cet appel. Pendant deux heures, de 09h00 à 11h00 heure locale, les protestataires ont sillonné les rues de la ville dans une marche qui les a menés jusqu’au siège du Parlement. Ils entendaient exprimer un ras-le-bol général comme l’a montré la diversité des pancartes. Les revendications contre le monopole accordé par le gouvernement à des groupes étrangers ont pris une nouvelle dimension avec la demande ces dernières semaines des syndicats des commerçants nigériens de l’annulation d’une convention signée en 2014. Cette convention accorde au groupe français Bolloré le monopole de la manutention des deux plus importants entrepôts de douane à Niamey et ce monopole a traîné une hausse significative des taxes. Des perturbations dans la fourniture d’électricité par le Nigéria voisin ont récemment entraîné des coupures de courant pendant plusieurs jours dans la capitale nigérienne et les grandes villes du pays.
Mais c’est définitivement l’affaire Moussa Tchangari, une figure de la société civile et également l’un des organisateurs de la marche, qui a mis le feu aux poudres à la contestation du pays. Il a été arrêté mi-mai puis remis en liberté pour avoir critiqué la situation humanitaire dans le sud-est du Niger où l’armée combat les islamistes de Boko Haram. Cette procédure avait été immédiatement interprétée comme une tentative d’étouffer les libertés individuelles dans le pays. A moins d’un an de l’élection présidentielle, cette vague de contestation est de mauvais augure pour le président Mahamadou Issoufou qui est candidat à sa propre succession.