Le bain de foule réservé au roi Mohammed VI à son arrivée à Bamako pour l’investiture du président Ibrahim Boubacar Keïta n’est pas passé inaperçu. Surtout à Alger, qui ne voit pas d’un bon œil l’évident rapprochement entre le Maroc et le Mali et le retour en force du royaume sur la scène africaine.
Un malaise que le nouveau premier ministre Oumar Tatam n’a certainement pas contribué à atténuer en nommant dans son gouvernement le jeune Moustapha Ben Barka qui appartient à une vieille famille d’origine marocaine. L’irritation côté algérien a été d’autant plus perceptible que Mohammed VI a délivré dans son discours des messages clairs sur la détermination du Maroc à continuer la lutte antiterroriste et à poursuivre son engagement dans la région du Sahara et du Sahel. L’extrémisme et le séparatisme ont été vaincus, a souligné le roi dont le pays a joué un rôle de pointe dans la mise en échec du projet des jihadistes au Mali. De bonnes sources à Bamako, on indique qu’un certain malaise a été observé parmi les membres de la délégation algérienne accompagnant le premier ministre Abdelmalek Sellal, lorsque le roi a fait le distinguo entre les Etats qui assument un rôle constructif dans la région et ceux qui choisissent le camp de la destruction.
Les diplomates présents à Bamako ont pu ainsi mesurer l’ampleur de la guerre diplomatique que se livrent l’Algérie et le Maroc sur le terrain africain, particulièrement dans la zone subsaharienne. Une rivalité nourrie par le bras de fer autour du Sahara occidental, l’Algérie continuant à contester la souveraineté du Maroc sur ce territoire en soutenant le Polisario, le Front armé dont le QG est situé à Tindouf, en plein territoire algérien.
Bien avant la crise malienne, Alger faisait des pieds et des mains pour tenir le Maroc à l’écart du Sahel et de la lutte contre le terrorisme et les réseaux de trafic transsahariens. Rabat de son côté, soutenu par la France et les Etats-Unis notamment, se présente comme un acteur incontournable dans les lutte contre les groupes jihadistes. Et pour remuer le couteau dans la plaie, le Maroc ne rate aucune occasion pour rappeler l’échec cuisant de l’Algérie à faire cavalier seul dans la lutte antiterroriste au nord Mali et dans toute la zone sahélo-saharienne.