La mobilisation des milliers de Soudanais devant le quartier général de l’armée à Khartoum pour appeler les militaires à rejoindre leur mouvement, est considéré comme le plus grand défi auquel est confronté le président, au pouvoir depuis trois décennies après un coup d’Etat en 1989.
Les manifestants demandent le départ de M.Béchir qui refuse de céder le pouvoir.
Si l’armée soudanaise a pris soin de ne pas intervenir depuis le début de cette crise, des soldats se sont mêlés mardi à la foule réunie devant le QG des militaires, dansant et chantant.
Certains soldats ont été portés par les manifestants, tandis que d’autres ont tiré en l’air lorsque le puissant service de renseignement NISS a tenté de disperser les contestataires.
Lundi, les groupes à la tête du mouvement de protestation, dont l’Alliance pour la liberté et le changement, ont appelé l’armée à tenir des pourparlers sur la formation d’un gouvernement de transition.
Mardi, la police a de son côté ordonné à ses forces de ne pas intervenir contre les manifestants, espérant ainsi ouvrir la voie à une « transition pacifique » du pouvoir.
Depuis décembre, les forces de sécurité soutenant M. Béchir, notamment le NISS, ont mené une répression meurtrière contre les manifestants.
« L’armée a toujours été la clé du succès définitif d’un soulèvement », rappelle Eric Reeves, chercheur spécialiste du Soudan à l’université américaine de Harvard.
« Et il y a eu de nombreux signes de désaffection au sein de l’armée », explique-t-il. « Les rangs les plus bas sont en colère (à l’idée) de devoir tuer des Soudanais. »