Le mystère d’Air-cocaïne est-il en train de livrer tous ses secrets ? L’arrestation par les autorités maliennes le 23 mars de deux suspects, dont l’un est un sahraoui des camps de Tindouf,
n’est peut être qu’une première étape dans le démantèlement d’une filière aussi vaste que complexe. Le trafic de cocaïne partait de l’Amérique latine pour arriver en Europe, via l’Afrique de l’ouest et les camps de Tindouf en Algérie.
L’histoire commence en novembre 2009 par l’atterrissage dans le désert malien d’un avion chargé de cocaïne, d’une valeur de plus de 300 millions d’euros. L’avion est aussitôt déchargé de sa précieuse cargaison avant d’être totalement incendié. La presse malienne l’avait alors baptisé du truculent sobriquet d’Air-cocaïne. Ce n’est que 16 mois plus tard que les enquêteurs maliens parviennent à arrêter deux suspects. Tous deux ont la nationalité malienne, mais l’un est aussi un sahraoui originaire des camps de Tindouf (sud-ouest algérien), où il a longtemps vécu. Aucun doute sur l’origine de ce dernier puisque, détail important, il a la peau claire et parle espagnol. Du nom de Didi Ould Mohamed, il est né dans la ville de Lâayoune, mais il se déplaçait fréquemment entre les campements de Tindouf et le Mali, où il a aussi de la famille. Les deux suspects passent à table et donnent le nom de toute une flopée de compères, dont plusieurs seraient eux aussi sahraouis qui ont leurs habitudes dans les camps de Tindouf, tenus par le Polisario en Algérie. Avant ces deux interpellations, un pilote français qui vivait depuis des années au Mali a été arrêté à Bamako, suivi par un employé du voyagiste malien Go Voyage.
Les recherches s’activent à présent pour mettre la main sur six suspects qui seraient déjà identifiés et dont certains seraient d’anciens combattants du Polisario. Ils profitaient de la porosité des frontières dans la région sahélo-sahrienne pour transformer la zone en véritable plaque tournante du trafic en tout genre. En plus de la drogue et de la contrebande de cigarettes, les trafiquants font passer aussi des armes aux groupes terroristes d’AQMI et leur servent à l’occasion de relais dans les opérations de prise d’otages.