Si la vidéo diffusée le 26 avril par Aqmi est considérée par de nombreux spécialistes comme une preuve de vie des otages français, voire un signe de progrès dans les négociations pour leur libération, elle est aussi un indicateur inquiétant du renforcement des groupes terroristes au Sahel.
La diffusion de la vidéo à ce moment précis ne peut être dissociée du climat d’insécurité qui plane sur la région et du surarmement des katiba d’Al Qaida au Maghreb Islamique. Les affrontements en Libye toute proche ont donné lieu à une circulation sans précédent d’armes de toutes sortes, y compris des missiles sol-air et d’autres armements tout aussi sophistiqués. Les rapports des services de renseignement occidentaux ont fait état du pillage à grande échelle d’armes dans les casernes du colonel Kadhafi, tombées entre les mains de la rébellion libyenne. Des armes qui ont vite fait de changer de mains. D’autant qu’elles sont très recherchées par les groupes terroristes en raison de leur facilité de maniement. En l’espace de quelques semaines, des milliers d’armes et d’engins divers ont quitté la Libye en guerre, traversant les frontières algérienne, tchadienne et nigérienne pour finalement atterrir au nord du Mali, fief désertique des groupes d’Aqmi. Le va-et-vient ininterrompu de mercenaires du Polisario et de divers Etats de la bande sahélienne, a énormément favorisé cet échange fructueux dans une zone habituée à tous les trafics. C’est, certainement, forts de ce butin que les émirs d’Al Qaida au Sahel se sont permis de montrer les quatre otages français, suppliant le président Sarkozy de retirer les troupes françaises d’Afghanistan. La revendication de la rançon de 90 millions d’euros n’a pas été renouvelée cette fois-ci, mais elle est sûrement présente en filigrane.