Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) paraît reprendre son souffle et fait parler d’elle ces derniers temps après s’être un temps éclipsée des devants de la scène. Cette réapparition, les experts en terrorisme l’attribuent en partie à l’acquisition par AQMI d’importants lots d’armes lourdes issues des stocks libyens et par le recrutement de nouveaux combattants dans les rangs des jeunes sahéliens désœuvrés et des mercenaires africains fuyant la Jamahiriya.
Selon des informations fiables obtenues auprès de responsables de services de renseignements actifs dans la région, plusieurs informations concordantes indiqueraient qu’AQMI serait en train de préparer d’importantes frappes au sud de l’Algérie et en Mauritanie. La nébuleuse terroriste vient d’ailleurs de revendiquer un attentat suicide commis dimanche dernier contre un commissariat de police à Tizi Ouzou, capitale de la Kabylie, à 100 km à l’est d’Alger. Le bilan de l’attentat s’élevait à une trentaine de blessés, mais il aurait pu être beaucoup plus lourd si le kamikaze -qui était au volant d’un pick-up- avait réussi à forcer le barrage pour pénétrer dans l’enceinte du commissariat. Le véhicule a été neutralisé par des policiers en faction devant le poste de police, et s’est finalement explosé sur la chaussée, provoquant d’importants dégâts matériels.
Citée jeudi par le centre américain de surveillance des sites islamistes « SITE », AQMI précise dans un communiqué que l’un de ses combattants « Anas Abou al-Nadher s’est lancé dimanche 14 août à bord de sa voiture piégée contre le commissariat de police de Tizi Ouzou », « tuant et blessant 35 apostats ».
Les échos de ces attentats n’ont fait qu’augmenter les craintes des habitants de l’est de la Mauritanie qui redoutent qu’Al-Qaida ne répète l’attentat terroriste du Ramadan de l’an dernier.
Alertée par des rapports de services de renseignements occidentaux faisant état d’un regain d’activité d’Al-Qaida, l’armée mauritanienne a renforcé « à titre préventif » la semaine dernière ses patrouilles de sécurité le long des frontières orientales du pays. L’armée aurait reçu des informations faisant état d’attroupements d’éléments armés dans la forêt de Wagadou qui a été récemment le théâtre d’une série d’affrontements entre AQMI et les soldats mauritaniens qui opéraient aux côtés des forces maliennes.
L’armée de terre mauritanienne a fait appel à l’aviation, dont les nouveaux appareils ont effectué à partir de l’aéroport de Nema plusieurs sorties dans les provinces de l’Est, de manière à contrôler et à surveiller tout mouvement suspect dans la région. A Nouakchott, les responsables de services de sécurité sont convaincus qu’AQMI serait en train de préparer une nouvelle offensive d’envergure contre la Mauritanie, précisément à cause des défaites que l’organisation terroriste a subi ces derniers mois, qui ont contribué à radicaliser le noyau dur, le poussant à prendre plus de risque et à envisager des opérations plus spectaculaires. Pour Les mauritaniens, ceci constitue à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. D’un côté, l’on se réjouit que l’intensification de la lutte contre AQMI ait réduit la fréquence des attentats et des kidnappings. De l’autre, l’idée de devoir affronter des « katibas » de plus en plus radicales ne réjouit pas vraiment l’armée de métier mauritanienne.