D’après des sources bien informées à Alger, les généraux algériens ont été affolés par la vague d’enlèvements d’occidentaux dans le Sahel. Les dernières prises d’otages au Mali ont en effet fini par jeter le discrédit sur l’état-major anti-terroriste porté à bout de bras par l’Algérie, avec la participation du Mali, de la Mauritanie et du Niger. Ces quatre pays sont le foyer des opérations menées par les groupes d’Al-Qaida au Maghreb islamique et de leurs relais dans la zone sahélo-saharienne. Pour lutter contre les katiba jihadistes d’Aqmi, Alger avait monté en 2010 un commandement opérationnel à Tamanrasset, dans l’extrême sud de l’Algérie. L’objectif de cet état-major, adossé à une structure de renseignement basée à Alger, est de coordonner l’action des armées des quatre pays voisins.
Seulement, la multiplication des rapts et des opérations terroristes au cours des derniers mois, a montré les limites de ce dispositif qui a brillé par son inaction. Un bilan d’autant plus catastrophique pour Alger que la semaine dernière a été particulièrement dramatique dans la région et a représenté un véritable choc en Occident. Car, pas moins de cinq européens ont été enlevés en deux jours au Mali, et un autre froidement abattu d’une balle dans la tête. Pourtant, l’argument souvent avancé sur les moyens limités du Mali n’est pas particulièrement convaincant. D’autres attaques et enlèvements d’otages occidentaux se sont produits au cours de l’année en Mauritanie, au Niger et aussi en Algérie. Le dernier en date est l’enlèvement le 23 octobre de deux volontaires espagnols et d’une italienne en plein territoire algérien. Une prise d’otages qui a embarrassé les généraux du DRS, les redoutables services du renseignement militaire algérien, et jeté le trouble chez les observateurs. Car l’enlèvement s’est produit à Tindouf, dans le QG du Polisario, le mouvement qui dispute au Maroc la région du Sahara Occidental. Cet enlèvement avait convaincu les observateurs et les experts de la zone sahélienne de l’aggravation du péril jihadiste dans la région. Leurs craintes se sont finalement révélées fondées concernant les connexions d’Aqmi non seulement avec les réseaux de trafic dans le Sahel, mais également avec les éléments du Polisario, en plus de l’arrivée massive d’armes libyennes entre les mains des jihadistes.